samedi 13 octobre 2012

TORO TORO village et parc national

Résidence : Hostel Las Hermanas, de soeurs point mais de jardin couvert de fleurs et ombragé par les citroniers, orangers et magnolias, oui. Plus des chambres sympas et, si l'on veut, des repas mitonés par une patronne qui vous accompagne aux repas.
La chambre pour deux : 100 bol - avec pension complète : 190 bol pour deux, soit 15 euros/personne par jour.

Toro Toro est une destination qui se mérite. Le car part de Cochabamba à 18h tous les jours et arrive vers minuit. Retours chaque jours, départ de Toro Toro à 6h du matin, arrivée Cocha entre 11h et midi.
5 heures de trajet pour parcourir 138 km.
Mais quel trajet ! Du moins de jour, parce que de nuit  on ne le devine que par les incessants ballotements dus aux incessants virages et par les constantes trépidations dues à l'état de la piste soit revêtue de pierres soit nue de terre et pourvue de nombreux passages de gués.
Rien que pour les paysages traversés les peines sont oubliées. Et puis, les compagnons de route sont pour l'essentiel des habitants de Toro Toro et des villages et hameaux alentours et les conversations sont chantantes. 

Toro Toro, un gros village qui semble en extension, est au milieu d'un parc naturel, véritable trésor pour paléontologues et géologues. C'est ici que l'on peut voir les empreintes de dinosaures, tyranosaures, brontosaures, ankylosaures, iguanodons, compagnathus, cerasnosaure, tortues géantes et autres grosses et petites bêtes, herbivores ou carnivores, qui, par une profonde nuit chargée de météorites ou de secousses sismiques, s'enfuirent en débandade, mêlant leurs pas dans l'argile souple pour disparaître à jamais.
C'est aussi ici que nous rencontrâme :
Victor, un guide amoureux de son pays
deux condors décrivant leurs cercles
un très profond canyon au huit cent marches taillées à fleur de vide
son fond et ses cascades dans la mousse et la végétation
deux mainates traçant le ciel de leur plumage
vert bleu jaune rouge orangé
jouant avec le soleil  fuyant les condors
des ponts de pierre franchissant les abîmes
les inscriptions rupestres de nomades indiquant leur parcours
mais encore
le sentier des 7 Vuestas, lui aussi taillé de marches et escaladant la montagne pour relier le village à de minuscules fermes accrochées aux pentes, tout là haut, entourées de quelques acrobatiques terrasses où poussent pommes de terre et blé d'altitude, un petit grain très dur qui fait un pain jaune cuit dans les fours en pisé près de chaque maison, un pain délicieux et nourissant
un paysan que l'on croise, pantalon et veste sombres, ceinture et chapeau tissés, sandales faite de chutes de pneu, et qui nous adresse très joyeusement un salut chantant
puis un autre avec ses deux ânes chargés 
l'incroyable variété des roches, on passe du rose au vert, de l'ocre rouge au violacé, terre de sienne, blanc bleuté, gris ardoise et tout celà en quelques pas. Multiplicité des formes, tantôt polies par les glaciers disparus, tantôt s'érigeant en écailles, crêtes et arrètes vives ou encore en fins éclats verts turquoise, pourpre..

L'ÉCOLE, UNE CLASSE, SON ENSEIGNANTE
Un grand établissement pour classes primaires et de collège, récent, avec terrain de sport et gymnase couvert. Nous entrons, demandons s'il est possible de recontrer un enseignant du primaire qui puisse nous parler des contenus pédagogiques. 
Une classe de CE (enfants de sept ans) nous accueille. D'emblée l'enseignante leur demande "Qui veut venir dire une récitation ?". Enthousiasme. Puis ce seront des exercices de maths au tableau, par petits groupes de trois : additions, multiplications, soustractions, divisions. Les enfants manifestent à la fois un plaisir à ses exercices et une grande attention. Pour le travail sur la langue espagnole (ils travaillent aussi leur langue d'origine, parlée à la maison et par leurs parents : le Quechua), ils ont le classique cahier de compréhension de textes. Pas de bibliothèque de classe (le prix exhorbitant des livres en Bolivie !). Beaucoup de "par coeur" ? Les récitations sont dites sans aucune hésitation, à voix claires, projetées, applaudies par l'ensemble de la classe. Le cahier de découverte du monde est particulièrement soigné, beaucoup de dessins... Peu de matériel pédagogique visible, les moyens sont pauvres. Le travail n'est pas noté, le mode d'évaluation est autre. Les enfants n'ont classe que le matin, de 8h30 à 13h.
Je lis deux poèmes.

LA PACHAMAMA WASI
la terre-mère maison
Elle est située dans l'une des rues du haut du village. C'est la maison d'un vieil homme, un chef d'oeuvre d'art brut. Murs extérieurs et intérieurs, escaliers, patio sont entièrement constitués d'assemblages de fossiles, roches volcaniques, coraux pétrifiés, météorites de la taille d'un boulet de canon, stalagtites et stalagmites, de calcaires tortueux, pyrites, calcites et quartz qui sont autant de sculptures naturelles. Tous ces minéraux, David Gonzales les a ramassé autour du village pendant plus de cinquante ans dont vingt-cinq ont été aussi consacrés à la "construction". C'est à la dimension spirituelle de toute une vie.
David n'a pas de successeur qui s'intéresse à son oeuvre. Quel avenir pour cette maison sculpture  qui est aussi un musée et une formidable collection pour scientifiques ?
Il dit : "La Bolivie va trop vite, il y a trop de sauvages encore. J'aime lire, on m'apporte des livres. La France est un pays de culture. J'aime Montesquieu, L'esprit des lois".


























   

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