Du vendredi 15 février au mardi 19
Juan et Janeth nous
ont mis en contact avec Javier, un ami qui vit a Santa Marta, une petite
ville portuaire sur le Pacifique, au nord de Carthagene et de Baranquilla.
Javier a pour amis des Wayuus d'une communaute indigene de la Guajira.
Le projet est que nous puissions passer quelques jours dans la rancheria de
la communauté.
Cher et hypothetique
lecteur autant te prévenir tout de suite, cet article est long. Nous avons fait le choix de te parler de gens, d'une communauté, qui nous ont beaucoup donné en peu de jours. Il contient aussi plus de photos qu'habituellement. Il commence aussi par quelques noms qui ne te sont peut-être pas
communs :
Santa Marta - De cette petite ville il y a peu a dire si ce n'est qu'elle est la porte
de nombreux sites très touristiques de la cote Caraibe, tels le Parc naturel
Tayrona et la sierra Nevada sur lesquels nous reviendrons dans un tout prochain
article.
Un hotel de bonne
qualité pour un prix plus que modique : la Casa Familiar, calle 10 n2. Propre, aéré, disposant d'une cuisine,
prix une chambre pour deux avec sdb 40 000 pesos. Frequenté essentiellement par
de jeunes voyageurs et ouvriers de passage. Deux restos que nous recommandons,
l'un pour une cuisine copieuse, bonne et a prix modiques - il est situé juste
en face de l'hotel - l'autre pour sa cuisine de qualité, fine et délicate, a
prix tout a fait abordables - le Marisol, calle 19 n 3. Tout deux font une
cuisine de poissons et camarones.
La Guajira - Le territoire le
plus au nord de la Colombie. C'est une vaste presqu'ile, semi-désertique dans
sa premiere moitie, désertique dans la seconde. En frontiere a l'est avec le
Venezuela ce qui a permis de developper une activite presque legale, en tous
cas abondante... la contrebande, en particulier d’essence. La capitale de la région : Riohacha, ville de
180 000 habitants et sur la côte.
Les Wayuus - Peuple indigéne originaire de l'Amazonie venezuelienne. Ils ont opposé
une resistance farouche aux Espagnols, ont été – c’est dans la logique des
choses - largement décimé, se sont refugiés dans les parties les plus
inhospitalières de la Guajira. Leur langue : le Wayuu. Ils vivent en
petites communautés familiales ou clans, dans des rancherías (hameaux),
de la pêche en mer et en lagune (crevettes) pour ceux sur la coôte, de la
recolte de sel de terre pour ceux a l'interieur du desert. Ce sont aussi eux qui
confectionnent ces superbes sacs en laine tissée et aux couleurs et motifs éclatants
: les mochilas. Farouches avec les gringos comme avec les autres
Colombiens, ils tiennent a leur langue, leur culture, leurs valeurs et modes de
vie, bref à leur identité. Enfin, point très important nous le verrons par la
suite, leur société est matriarcale.
*
Et maintenant, lecteur qui en attendm plus, reprenons le fil de notre séjour.
Ce qui n’était encore qu’un souhait prend forme et se réalise apres
quelques coups de fil et emails. Javier est un homme d'action et d'entreprise, à peine arrivés a Santa Marta
nous sommes mis en contact avec Clareña.
Clareña vit avec toute sa famille étendue (mari,
enfants, parents, soeurs et freres, belles-soeurs et beaux-freres,...) dans la
rancheria Cachaca 3, a 10 km sur la cote au sud de Riohacha. Les indiens sont
plutot de petite taille et de peau tres mate, le cheveu absolument noir, elle
ne déroge pas a la règle. Elle a un sourire eclatant qui laisse largement voir
une dentition de grand carnassier (alors qu'ici on ne mange presque jamais de
viande), des yeux noirs pétillants d'intelligence. Clareña est allée jusqu'en
terminale, ce qui est peu commun, elle comprend un peu l'anglais, sait
parfaitement lire et écrire, elle est par conséquent celle qui formule et négocie dans les
relations avec les différentes administrations. Un mari, Cesar, et cinq enfants
de 3 a 13 ans, Alessander, le plus jeune, Jordana et Nanci, les deux filles, Christian
et Alan, les deux aînés. Son papa est le cacique de la rancheria, une sorte de
maire très respecté, même si ce titre est plutot decoratif... Ca ne t’a pas
échappé, lecteur attentif, le veritable pouvoir c'est celui de sa femme : lui
parle, elle decide.
*
Notre bus venant de
Santa Marta s'arrête sur la nationale qui file tout droit vers Riohacha, en
pleine désolation de végétation pauvre et épineuse. Motif de l'arrêt : Clareña
agite un tee-shirt aux couleurs du drapeau colombien, bout de tissus fixé au bout
d'un râteau. C'est le signal
convenu avec le chauffeur du bus afin qu'il sache où nous déposer dans ce paysage
uniformement sableux et désseché. Clareña est accompagnée de Cesar et de la plus grande des deux filles,
Nanci, 8 ans. Accolades joyeuses, puis nous prenons la petite piste qui mène a
la ranchería.
Vingt minutes après
nous y voici : un tres vaste cercle sableux gagné sur la maigre végétation,
avec tout de même quelques petits arbres pour sauvegarder des endroits
d'ombre. Une petite dizaine d'habitations,
ou cabanes, espacées et avec chacunes la cocina (cuisine) : un cabane
plus rudimentaire separée seulement de quelques mètres de celle qui sert
d'habitation à l'ensemble de la famille restreinte. La famille vit dans une
seule piece de 12 m2, chacun des membres dispose d'un hamac pour dormir. Nous
retrouvons ici l'habitat traditionnel propre à nombre de peuples et communautés
indigenes, tels les Quechuas de Bolivie et du Perou ou encore les Tarahumaras,
Mayas et Huicholes du Mexique. Une école, une seule clase pour les 20 jeunes enfants
scolarisés, pour les plus grands le college et le lycee sont a Riohacha); une
vaste case communautaire ou se tiennent les assemblées du village et où sont
recus les visiteurs d'autres communautés indigènes; une citerne de 9 m3 d'eau
potable; cinq ou six petits enclos pour les chèvres et les brebis lesquelles mènent
dans la journée leur vie en toute liberté avec cochons noirs, poules et coqs,
chiens chats et raton laveur. Tout ceci forme un espace parfaitement identifié,
ouvert et de circulation entre les maisons familiales et en proximitéavec la
grande lagune et l’océan.
De quoi vit-on à la Cachaca 3 ?
Essentiellement de la pêche, pêche aux poissons dans l'océan, pêche aux
crevettes dans la lagune. Chaque nuit, vers 3 ou 4 h du matin, les hommes les
plus jeunes partent sur de petites barques, certaines avec un moteur plus que
rudimentaire,toutes avec une petite voile carrée ainsi qu'une pagaie. Ils reviennent vers les neuf heures. Pêche au filet qui ne ramène
guère plus d'une vingtaine de poissons de petites tailles, lesquels sont
immediatement répartis entre trois ou quatre familles par une femme, souvent
Clareña. Quand la mer est trop forte, ce qui arrive assez regulierement, on ne
part pas. Nous sommes dans une
economie d’ auto-subsistance. Ce qui se vend : parfois les crevettes lorsque la
pêche a été fructueuse mais surtout les mochilas, ces magnifiques sacs de
laine, que des femmes vendent a Riohacha ainsi qu’aux commercants de toute la
côte Pacifique et bien au-delà. Pour les reste: essentiellement du riz, des
pâtes, des bananes et quelques légumes (courges, par exemple), tout est importë.
Du tourisme ? Ici, aucun. Il n'y a nulle infrastructure pour le recevoir, le
paysage y est trop desole, les plages peux propices a la baignade et de toute
manière les Wayuus sont bien trop préoccupés de préserver leur identité.
*
Deux arbres auxquels
sont accrochés deux hamacs seront notre maison. Le jour, il fait très chaud, même lorsque le vent soufflé ce qui est
fréquent; la nuit, entre 3 et 5h, il fait frisquet. Les hamacs se balancent
sous le vent, le ciel est incroyablement constellé d'étoiles, la lune baigne la
rancheria d'une douce lumiere.
Si peu de choses, si
peu de biens. Quelques cellulaires, une télé pour certains et toutes avec des captations
plus qu'improbables. La veille du jour ou nous sommes partis, le lundi, le générateur a rendu
l'âme. C'est lui qui fournit l'ensemble de la rancheria en électricité; il est
fourni par la ville de Riohacha dont la communauté dépend. Tirer une ligne
électrique sur les 10 km séparant le village de la ville serait évidemment la
solution, d'autant que d'autres rancherias sont à proximité, mais cela aurait
pour consequence d’installer du durable, ce qui est inenvisageable pour les
autorités gouvernementales, qu'elles soient de la capitale ou de la région.
Nous y reviendrons dans notre partie L’intolerable et la colère...
Ici pas de gestes de
violence, que ce soit a l'encontre d'un adulte ou d'un enfant. Jamais non plus
un mot plus haut qu'un autre. Non pas que nous soyons en présence d'anges ou
d'êtres parfaits mais simplement parce-que la recherche de l'équilibre dans les
relations est une necessité pour la survie. Le dimanche en fin d'apres-midi,
les hommes se donnent au footbal. Le jeu est vif, âpre, jamais violent, la
moindre faute jamais contestée. Ce même dimanche, nous sommes restés toute la
journee sous nos deux arbres en compagnie de Clareña, de ses parents et de
Cesar. Cesar nous fabrique une gourde-calebasse, le papa en realise le filet
pour la porter à l'epaule, la maman tisse une mochila, Clarena assure le
ravitaillement en eau, café, repas du midi; les enfants circulent, jouent avec
nous, repartent s'occuper des brebis et des chèvres, c'est de leur responsabilité
quotidienne. Nous devisons tranquillement, la parole circule sans heurt, le
papa raconte des histoires, le temps s'écoule doucement; aucune envie aucun
besoin d'être ailleurs que là ou nous sommes maintenant; demain lundi les travaux quotidiens attendent chacun.
Ici aussi le
chamanisme existe. De lui, Clareña et celles et ceux avec qui nous avons parlé
nous diront peu, hormis qu'il emprunte plusieurs formes, celles pour les soins,
pour les rituels, les divinations,... Pas de pratique religieuse visible, le
catholicisme semble pour le moins accessoire.” Il y a un dieu un seul”, nous
dit Clareña, mais de lui ou d'elle nous n'en saurons pas plus, hormis que terre
et pluie sont sacrées. Car la pluie tombe, en mars et abril, abondamment chaque
jour, transformant pour deux ou trois mois le désert en vaste lagune mais ne
permettant pas à la végétation d’en profiter vraiment : le sol est trop pauvre.
*
Encore ce dimanche
soir. Nous sommes assis près de la cocina. “ Je vais vous raconter une histoire,
nous dit Clarena, et c'est aussi un mythe”. C'est arrivé â mon papa dans un
songe. C'est l'histoire de la Sirena (sirene).
C'etait la nuit, mon
papa etait près de la lagune. Il revenait vers la rancheria et, derrière lui,
il a entendu qu'on l'appelait, une voix de femme. Il se retourne et il voit une
femme habillée d'une grande et belle robe blanche qui lui descend jusqu'aux pieds,
une robe scintillant. C'était la Sirena. Elle enlève sa robe et mon papa voit qu'elle a des jambes et deux
pieds, tout comme une femme. Puis elle remet sa robe. Elle voulait que mon papa soit son amoureux.
Alors, sur la lagune, mon papa a vu aussi une très grande maison avec dix,
vingt, plus de trente pièces, une maison pleine de gens, des gens qui ne le
voyaient pas. Mon papa savait que c'etait la maison de la Sirena, il n'a pas
voulu y entrer, il a repris son chemin. Mais la Sirena le suivait et quand il
est arrivé au village, elle était toujours là. Mon papa la voyait mais les
autres du village ne la voyaient pas. Au bout d'un long moment, la Sirena a
disparu. Quand mon papa est revenu a la lagune, la grande maison aussi avait
disparu. C'etait un songe
mais les Sirenas existent réellement, j'y crois.
Encore une autre histoire :
Une fois, dans un village pas loin d'ici, une Sirena a choisi un jeune
homme pour amoureux. Elle venait de la mer, pas de la lagune. Il y a aussi des Sirenas des rios,
des torrents de la montagne et de la forêt. Le jeune homme est tombé amoureux,
il l'a emmené dans sa maison, dans le village. Il a bouché la fenêtre de la
maison, il a aussi réduit la porte pour que les autres du village ne puisse la
voir. Très vite, il a eu tout ce qu'il voulait
: beaucoup de poissons quand il partait pêcher, beaucoup de bonne nourriture,
de brebis, de chèvres. Evidemment, les gens du village étaient tres intrigués, ils voulaient voir
ce que le jeune homme cachait dans sa maison. Puisqu'ils ne pouvaient voir par la fenêtre obturée, par la porte réduite,
ils ont percé un trou dans un mur. A l'instant même ou ils regardèrent par le
trou, La Sirena disparut et avec elle toutes les richesses. Quelques temps après,
le jeune homme est mort. C'est une histoire vraie."
Aujourdhui, alors que
je tente de corriger les fautes de frappe de ce texte, nous sommes à
Carthagène, au festival international de cinéma. Ce matin nous avons vu un admirable
documentaire long métrage, il avait pour sujet l’initiatiation d’une très jeune
adolescente pour la préparer à ses premières menstrues et à devenir femme. Nous
avons vu tres exactement le mythe de la Sirena vécu dans un long rituel
(plusieurs mois) pendant lequel la jeune fille, initiée par sa mère, sa grand-mère,
d’autres femmes de la communauté, reste enfermée dans une cabane construite
spécialement pour elle par les hommes. Là encore aucune violence, le rituel est
parfaitement accepté par celle qui va devenir femme, ewlle est quotidiennement
accompagnée, recoit des soins particuliers, entend les mythes et valeurs des
femmes Wayuus. A la fin de l’initiation, elle choisit si elle veut être ou non
mariée oupromise à un homme dont le père promet la dote. Elle refusera pour
pouvoir continuer au lycée ses études. Ce documentaire est d’une force et d’un
enseignement bouleversants sur très grande richesse de la culture Wayuu. Son
titre : La eternal noche de las doce
lunas (L’éternelle nuit des douze lunes). Amis francais, chance immense :
il sera projeté en présence de la réalisatrice le 12 mars prochain au festival
latino-américain de Toulouse !
*
Ana Akua ipa, wanawaa, llotoo akua'ipa, wayuuira
ayatawaa, sumaiwamaajatu wayuu mule'u
sulu unukua'ipa. akua'ipa, tuu taashiika, kajata akua'ipa.
Le bien de tous est une vision pour faire un
futur meilleur, de génération en génération notre savoir. Partager, respecter,
donner à connaître sur nos manières de vivre, continuellement, aussi sur les
valeurs de notre culture présente comme celle du passé.
Le Wayaunaki est la seconde langue officielle de
l'Etat de Zulia eu Venezuela et du departement de la Guajira en Colombie.
*
Lundi fin de matinée
veille de notre depart, avec Clareña et
sa famille nous partons pour Riohacha. Objectifs de la journée : la visite du
Centre culturel et de son expo sur les Wayuus, manger une glace au supermarkett
Carrefour (ben oui, ami lecteur, ici aussi Carrefour existe et il a été racheté
par une grande banque chilienne).
Lèche- vitrine, les
enfants s'extasient devant les bijoux et les chaussures pour femmes decorées de
perles de couleur, Cesar devant les sonos (ah, diffuser le plus fort possible a
partir de la maison des musiques et chants colombiens !) et les outils (Cesar
est un excellent bricoleur frustré de n'avoir que très peu d'outils usagés),
Clarina devant les imprimantes (on lui a donné un vieil ordi avec lequel elle
peut consulter internet, taper les documents administratifs, et elle économise
pour acheter de quoi imprimer), tous devant les réfrigerateurs, le rêve
impossible bien au-dessus des moyens financiers. Enfin, poulet frites et glaces
tant attendus.
Le Centre culturel
est une énorme structure moderne situé a l'extremité sud de la plage. Enorme et
presque vide. Ca nous rappelle
ceux de Santiago et de Valparaiso au Chili : on fait des grands batiments dans
lesquels il n'y a pas de fonctionnement (ca doit sans doute rapporter pas mal
d'argent aux decideurs et aux entreprises du batiment...).
Deux très grandes
salles pour l'expo. L'une, en plein aménagement, doit recevoir des panneaux
textes et photos sur les recherches ethnologiques menées dans les années trente
(un scientifique francais - Paul Ribet - a conduit des recherches financees par
le gouvernement de Leon Blum). L'autre expose des objets et textes sur la
culture Wayuu, la pêche, le matriarcat, les coutumes et manières de vivre
(reconstitution d'une cocina avec exactement les memes objets que ceux de la
cocina de Clariña ou de sa maman ou de toute femme de la rancheria...). Une partie culture et éducation
montre de jolis enfants dans une jolie classe avec de jolies fournitures, beaux
livres, gentil maitre... Parfait mensonge : qu'il fait bon et doux de vivre chez
ces gentils indigènes qui, grâce a Riohacha et la région, et sans doute aussi
grâce au vrai Dieu et aux Espagnols qui l’ont si gracieusement importé, disposent
de tout et ne manquent de rien (violente
envie de tout casser…). Dans une seconde partie, maquettes et
trucs-muches alternatifs sur l'exploitation petroliere et de gaz sur la côte la
plus au nord de l'Atlantique, avec deux immenses plateformes.
C'est cette seconde
partie de l'expo - gloire a la technologie colombienne - que nous commente la
directrice du Centre mais sur la premiere... nada. Heureusement que Clareña est
la, heureuse et fière qu'une expo soit faite sur leurs communautes et ce malgré
l'indigence des infos données (bon, on
casse pas…).
Rien, absolument
rien sur l'extrême pauvreté des communautés wayuus, sur leur relegation dans
les territoires où rien ne pousse, où vivre est une gageure.
Rien sur le déversement
par la ville de Riohacha de ses eaux usées dans une grande lagune, avec
disparition de la faune et de la flore.
Rien sur l'absence
d'équipements durables en eau potable et électricité (alors que la Bolivie
vient d'en terminer les équipements pour toutes les communautés et villages des
hauts plateaux andins ainsi que pour la région de Vera Cruz).
Rien sur l'absence
totale de gestion des ordures. Pour celles décomposable les indigenes savent comment faire, mais pour
ce qui est des sacs platiques si abondants dans toute l'Amerique du sud et
centrale, ils entourent en un vaste cercle la rancheria.
Rien sur ces écoles
vides de tout materiel pédagogique, seuls des chaises a plateau inclinable pour
tout espace de travail individuel et collectif, y compris pour le maitre, et un
tableau blanc avec quelques feutres desséchés. Lequel maitre est recruté et
remuneré par la ville de Riohacha pour exercer 4 heures par jour - oui attentif
lecteur, tu as bien lu : 4 heures par jour ! - et pour exercer un metier sur
lequel il a tres peu de formation et fort peu de motivation.
Mais par contre,
oui, d'affreuses statues monumentales sur les avenues qui bordent les plages de Riohacha, Santa Marta et autres
villes de la côte, toutes du même salopard de sculpteur (pardon d'utiliser ce
mot de sculpteur pour ceux qui en exercent véritablement l'art), statues d'une
femme et d'un homme indigène aux corps monstrueusement musclés -
representations fascistes - aux visages exprimant une niaiserie ignoble. Oui,
on vend un peu partout de l'indigène, de la fausse culture indigène, pubs et offices
ou agences de voyage, parce que c'est bon pour le tourisme. Et le touriste, hélas,
en raffole.
C'est quoi tout ca ?
Du racisme et de la discrimination, tout simplement. A dégueuler. Politiques et
décideurs, grands patrons, leaders representants des indigènes pratiquent la
corruption et les detournements de fonds publics à grande échelle - la
corruption comme mode de gouvernance - sans qu'aucun controle, aucune
transparence ne puissent s'exercer. Heureusement que les démocraties européennes
(pour ne parler que d'elles) montrent l'exemple d'une grande integrité, telle
l'Espagne et les récentes révélations sur les detournements à grande echelle
touchant même la famille royale, ou bien encore les detournements de biens publics exercé par des politiques francais. Criminalité économique et financière ont quelques beaux jours devant
elle.
C'etait notre
partie Indignités et colère....
*
Mardi 19 fevrier, nous quittons la rencheria, Clareña,
Cesar, les enfants, les parents, les soeurs et frères, d'autres jeunes encore.
Un dernier café et nous voici partis vers le terminal de bus de Riohacha.
L'experience vécue au cours de
ces cinq jours est forte, prenante. Un vague projet commence a se dessiner,
nous en parlons pendant le trajet du bus, puis avec Javier que nous retrouvons
a Santa Marta : aider l'ecole de la rancheria a s'equiper ? Beaucoup trop tôt
pour t'en parler ici dans ce blog, cher lecteur : tout est à étudier, réflechir
pour construire avec d'autres en Colombie et en France... Gageons seulement que nous t'en
reparlerons dans quelques temps.
Clareña
Cesar
Le papa et une soeur
notre chambre
la maman et Clareña
la cuisine
l'habitation de la famille
la danse de la jeune initiée