jeudi 7 mars 2013

Itinéraire effectué et matériel emporté

"Seul celui qui va sur la route apprend de son pouvoir, et comment de cet espace-là, qui n'est pour l'aviateur qu'une plaine s'étendant au loin, la route fait surgir à chacun de ses tournants des lointains, des belvédères, des clairières, des perspectives." -  Walter Benjamin, Sens unique.



ITINERAIRE DU 3 SEPTEMBRE 2012
AU 1er MARS 2013
de Santiago du Chili
à Carthagène, Colombie
soit 180 jours

tous les noms de villes, villages, lieux et sites qui figurent se retrouvent avec détails dans les articles du blog


CHILI du mardi 4 septembre au mardi 18 au matin, 14 jours
septembre 2012
mardi 4 au vendredi 7 matin - Santiago du Chili, au centre du pays
vendredi 7 au lundi 10 matin - Valparaiso, port au centre
lundi 10 matin au mardi 11 après-midi - traversée du centre au nord désert Atacama
mardi 11 après-midi au jeudi 13 matin - Iquique, port au nord
jeudi 13 - Humberstone, ville fantôme désert Atacama, à l'est d'Iquique
vendredi 14 au mardi 18 matin - San Pedro de Atacama, frontière désert Uyuni   


BOLIVIE, du mardi 18 septembre matin au jeudi 8 novembre matin, soit 60 jours
septembre 2012
mardi 18 matin au jeudi 20 après-midi - désert et Salar de Uyuni
jeudi 20 après-midi au vendredi 21 matin - Uyuni
vendredi 21 soir au mercredi 26 matin - Potosi
mercredi 26 matin au 3 octobre après-midi - Sucre
               dont le 24 - Tarapaya, village
                       le 30 - Tarabuco, village et marché
                       le 2 octobre - Yotala et Nujchu, villages
octobre 2012
jeudi 4 après-midi au dimanche 14 matin - Cochabamba
                dont le 6 - Tarata et Huayculli, villages
                        du 9 au 11 - Toro Toro, village et parc national
dimanche 14 matin au lundi 22 matin - Oruro
                dont mercredi 17 - Paria, village, et banos de Obrajes
                        jeudi 18 au vendredi 19 - Cochamarca, village
lundi 22 septembre soir au jeudi 8 octobre matin - La Paz
                dont lundi 29 - Tiwanaku, site archéologique
                        mercredi 31 matin au samedi 3 oct. midi - treck d'El Choro et Coroico


PEROU, du jeudi 8 novembre midi au jeudi 27 décembre midi, soit 60 jours   
octobre
jeudi 8 au mardi 13 midi - Puno, au bord du lac Titicaca
               dont du 10 au 12 - Péninsule de Capachica et Llachon, village
mercredi 14 après-midi au mardi 21 matin - Cuzco
               dont les 17 et 18 - Machu Pichu

jeudi 22 matin au dimanche 25 matin - Ayacucho
               dont le 24 - Wari et Quinoa 
dimanche 25 au soir au mardi 27 matin - Huancanayo
mardi 27 soir au mercredi 28 matin -  Huanuco
mercredi 28 soir au vendredi 30 matin - La Union
               dont le jeudi 29 - site archéo de Huanuco viejo
décembre
vendredi 30 novembre soir au vendredi 7 décembre soir - Huaraz, Cordillera blanca 
               dont du 1 au 3 - treck de Olluro à Chavin de Huantar, Coroico
                       le jeudi 6 - Punta Collan
                       le vendredi 7 - Lago 69
samedi 8 matin au dimanche 9 matin - Trujillo, côte pacifique
dimanche 9 au mardi 12 - Huanchaco, sites de ChanChan et temple de la lune 
mercredi 12 matin au lundi 17 soir - Chachapoyas
               dont jeudi 13 - site de Kuelap 
                      vendredi 14 - sites Pueblo de los muertos,Karajia
                      samedi 15 - Chachas
                      dimanche 16 - Wuangli
                      lundi 17 - canyon de Huancas
mardi 18 soir au mercredi 19 midi - Leimebamba, musée
mercredi 19 soir au dimanche 23 matin - Cajamarca
                dont samedi 22 - Ventanillas de Otuzco, site
dimanche 23 soir au mercredi 26 soir - Chiclayo
                dont mardi 25 - Santa Maria, port sur le Pacifique 

                       mercredi 26 - Lambayeque, musée Sipan
 jeudi 27 matin - Tumbes, Pérou / soir - Machala, Equateur
  

EQUATEUR, du 27 décembre soir au 5 janvier 2013 soir, soit 9 jours

jeudi 27 dec. soir au vendredi 27 matin - Machala, Equateur
vendredi 27 soir au dimanche 30 matin - Alausi, sierra centre
janvier 2013
dimanche 30 soir au samedi 5 janvier midi - Quito


COLOMBIE du dimanche 6 janvier 2013 au 28 février 2013, soit 53 jours
janvier 2013
dimanche 6 midi au dimanche 13 soir - Cali
               dont lundi 7 - Popayan
                       du mercredi 9 matin au samedi 12 matin - Buenvaventura, Juanchaco
                                                                                       La Barra
lundi 14 matin au dimanche 27 matin - Bogota
dimanche 27 au lundi 4 février matin - Medellin
                dont du dimanche 27 au lundi 28 matin - La Jaca
                        du jeudi 31 soir au vendredi 1er février midi - Armenia
février 2013
lundi 4 midi au lundi 11 midi - Bogota
mardi 12 matin au vendredi 15 matin - Santa Marta
                dont du mercredi 13 matin au jeudi 14 soir - parc Tayrona
vendredi 15 midi à mercredi 20 matin - La Guajira, rancheria Cachaca 3 et Riohacha
jeudi 21 matin au lundi 25 matin - Los Pinos sierra Nevada, finca de Juan Carlos, Minca
lundi 25 après-midi au jeudi 28 midi - Cartagène

vendredi 1er mars - Toulouse 


 
MATERIEL EMPORTE

Dans deux sacs à dos pour chacun, l'un de 60 litres, l'autre de 20 litres (sur le thorax)
pour celui de 60 l. nous étions munis chacun d'un petit chariot roulettes métallique bien agréable pour le transport du sac hors trecks.
Poids des sacs de 60 l : Liliane 11 kgs - Claude 14 kgs
Poids sacs 20 l : environs 2.5 kgs
1 tente Vaude ultra légère 2 places (1.5 kgs)
1 kit gamelle, réchaud, réserve gaz, bols (achetés à Santiago du Chili)
1 bassine pliable
1 vache à eau 3 l
1 trousse pharmacie
1 petite bâche sous tapis sol tente
et pour chacun
1 sac couchage - 15° 
1matelas auto-gonflant
1 drap soie
1 gourde
1 sac de contention imperméable contenant les vêtements, pour la plupart isothermiques et ultra légers (vestes imperméable, swetts et tee-shirts, collant,...)
1 cape de pluie
1 paire sandales de marche légères
1 paire de chaussures de marche basses légères (Merell)
1 paire de solides chaussures rando montagne tige haute et imperméables
1 paire de bâtons de marche
1 trousse de toilette
1 serviette toilette 
1 appareil photo ( pour Claude mini, pour Liliane Panasonic Lumix)
carnets de voyage, stylos, crayons de couleur, aquarelles,...
1 tablette électronique pour deux

tout ce matériel a été utilisé


bye et à la r'voyure !






mercredi 6 mars 2013

INFOS UTILES pour voyageurs Amerique sud ?



QUELQUES informations que nous pensons ou croyons utiles...

sachant que l'utilité dépend fortement des motivations, manières et façons de voyager, expériences antérieures et budget de chacune et chacun, ce qui fait, avouons-le, beaucoup de critères.

Elles vont rester volontairement assez générales, quelques-unes par pays ou régions. Pour des infos plus particulières sur telle ville, village, hameaux, site ou lieu nous pensons en avoir suffisamment dit dans chaque article de ce blog. Elles ne concernent que les pays, régions et grandes villes  que nous avons parcourus ou traversés; nous nous garderons bien de le faire pour d'autres que nous ne connaissons pas du tout ou seulement par ouïe-dire.

Pour une présentation de notre itinéraire jour à jour, lieu à lieu, ainsi que la liste du matériel emporté, voir le prochain article : "Itinéraire et matériel".

Enfin, lecteur curieux, tu peux toujours nous joindre pour nous adresser une demande d'information ou d'éclaircissement en passant par "commentaire" de cet article "INFOS UTILES pour voyageurs Amérique sud ?", nous te répondrons c'est promis.

Quels guides, sites, cartes et bouquins pour préparer, accompagner son voyage ?

Guides : incontestablement les Lonely Planet. Les Guides du Routard ne sont pas aussi complets, surtout pour les cartes et tout ce qui est partie trecking, ses commentaires sont sujets à caution, quand au Petit Futé Colombie il est simplement nul et la plupart des infos hébergements et déplacements sont soit fausses soit périmées. Pour la Colombie il n'existe pas à ce jour de Lonely en français mais en espagnol et anglais si. Enfin, pour les randonneurs aux courts et longs cours , mais hélas seulement pour le sud et centre du Pérou : Pérou, trecks, randonnées, balades, culture, nature - Vincent Geus, éditions de la boussole.

Sites internet : une mine, surtout avec Voyage Forum (voyageforum.com/), site d'échange entre voyageurs de tous continents et pays. Les sites changent, évoluent, pour beaucoup disparaissent ou sont trop anciens pour être fiables, par conséquent : à chacun de mener son aventure de recherche, ce qui prend du temps. P'tit conseil : ne pas prendre ce qui est écrit pour argent comptant, surtout si les avis sont péremptoires ou chargés d'émotions; les photos sont souvent plus avantageuses que la réalité ("ce sont juste des images et rarement des images justes", dirait l'ami Godard).

Cartes : Amérique du sud Nord et Amérique du sud Sud 1/4 000 000 (1cm = 40 km), IGN carte touristique. Pour chaque pays : International Travels Map. Toutes ces cartes se trouvent dans les boutiques Vieux Campeur et très généralement dans les grandes librairies au rayon voyages, facilement commandables auprès d'un libraire ou par internet (mais vaut mieux faire travailler le libraire près de chez soi, c'est pas plus cher).

Quelques livres qui nous semblent vraiment utiles pour mieux comprendre où l'on va et qu'on peut lire avant pour ne pas avoir à les transporter :
- Atlas de l'Amérique latine, Olivier Dabène, éditions Autrement, édition augmentée 2011.
- Les veines ouvertes de l'Amérique latine, Eduardo Galeano, ed. Pocket Terre humaine Poche.
- Les roses d'Atacama, Luis Sepùlveda, ed. Métaillé. 
- Le pays de la cannelle, William Ospina, ed. Lattès.
Pour le voyage, Liliane avait emporté une tablette électronique de lecture.

Pour la presse : El Razon et Los Tiempos en Bolivie, La Republica et El Tiempo au Pérou, El Tiempo en Equateur, El Spectador et El Tiempo en Colombie.

Les transports, le nerf de l'aventure n'est-il pas ? 

De la France à l'Amérique du sud : aller Toulouse à Santiago du Chili avec escale d'une heure à Roissy (parce qu'on habite Toulouse), mais pour un parisien ou un lyonnais ou un brestois ça ne doit pas être très différent, retour Cartagène à Toulouse avec escales 1h à Bogota et 50 mn à Roissy. Durée totale de chaque voyage, environs 18h sachant que les retards pour causes d'embouteillages aux aéroports ou de vents forts et contraires sont assez fréquents. Compagnie choisie : Air France qui, depuis peu, pratique des tarifs très compétitifs pour peu qu'on réserve au moins trois mois à l'avance et assure un service vraiment nickel. Ca nous a coûté pour l'aller et retour en classe éco 1 200 euros/pers.

A l'intérieur des pays traversés : tout en bus, collectivos, taxis-collectifs et motos-taxis. Aucun problème et certainement les plus économiques, sauf pour l'aller et retour Bogota - Medellin que nous avons fait par avion avec la cie Viva Columbia au même prix ou presque que par le bus (possible aussi pour beaucoup de vols internes en Colombie) à condition de n'avoir pas de bagage en soute et un seul bagage en cabine qui ne pèse pas plus de 10 kg. Les terminaux de grandes et petites villes sont très généralement bien foutus (sauf à Quito en Equateur, bien se renseigner à l'Info de la ville). Après, pour les durées... ça dépend de l'état de la route ou, plus généralement en Bolivie et Pérou, de la piste mais aussi des franchissements d'altitudes (cols successifs à + de 4000). Une règle : ne pas être pressé ou alors prendre l'avion et louper des paysages magnifiques, des rencontres inattendues, des incidents impromptus, bref ce qui fait toute la saveur d'un voyage. Pour les longues distances (plus de 8 ou 10h et elles sont nombreuses), choisir les horaires de nuit et se munir de boules Quies et cache-yeux, généralement on arrive à dormir. Nous perso, on choisissait les compagnies les plus sûres avec les cars les plus confortables (se fier au Lonely ou aux conseils de l'hôtelier et autres voyageurs). 
Pour les taxis : ne jamais prendre un taxi qui ne soit pas d'une grande compagnie ou répertorié sauf à prendre le risque de se voir dépouillé. Au début, on se fait avoir, on paie deux à trois fois plus cher que le tarif normal et puis, peu à peu, à force de s'informer auprès de l'hôtelier ou d'un commerçant ou de l'office de tourisme on finit par connaître les prix justes et on les impose aux taxis arnaqueurs, surtout a Cuzco et à Quito (très généralement on gagne d'ailleurs aussi en considération auprès des taxis).

Passages de frontières : aucun problème (Bolivie et Pérou : bien garder avec soi le p'tit papier "taxe douanière" que le douanier vous remet à l'entrée du pays et vous réclamera à la sortie).

L'hébergement, la nourriture, c'est comment ?

L'hébergement, des mauvais souvenirs ? Non, sauf à Uyuni ou l'hôtel était glacial, sinistre et pas très propre. Mais faut dire que le sommaire ne nous gêne pas à deux conditions : que l'hôtel ou l'auberge ou la pension soient propres, que le lit soit bon, qu'il y ait une fenêtre dans la chambre même petite (voyager c'est fatigant, les nuits comptent pour beaucoup). Et c'est très généralement le cas, à condition de ne pas se ruer dans le premier venu. Encore une fois, les Lonely sont ici de bon conseil. On peut se loger à des prix très très très raisonnables (pas plus de 25 ou 30 euros pour deux personnes), surtout en Bolivie et au Pérou mais plus difficile au Chili, Equateur et régions touristiques de Colombie (encore possible à 40 euros).

La nourriture : nous, on aime tout ou presque alors ça va et puis on se fie à notre intuition. Au Pérou et en Equateur les fast-foods et autres bouf'globalisation abondent et avec eux l'inévitable poulet frit-frites; c'est pas cher et ça devient très vite écoeurant. Le quinoa, si bon et énergétique ? On en trouve hélas très difficilement. Manger dans les "gargottes" sur les marchés permet d'avoir très souvent des produits frais à prix plus que compétitifs.

Les prix, le coût de la vie pour l'extranjero ?

Chili, Equateur, Cuzco et villes de sites archéologiques prestigieux au Pérou et régions touristiques de la Colombie (Caraïbe, région du café, Medellin pour l'essentiel) : depuis 2006 ça a sérieusement grimpé, ces pays ont réévalué leur monnaie pour la rapprocher du dollar. Les tarifs donnés par le Lonely 2010 ne sont déjà plus d'actualité dans bien des endroits. 
Bolivie et Pérou dans une moindre mesure sont encore nettement avantageux mais bien des signes montrent que ça n'est plus pour très longtemps, sauf évidemment dans les coins reculés et peu ou pas fréquentés par les touristes (et il y en a beaucoup et de très beaux pour peu qu'on se donne la peine d'y aller !).
Donner des indications de prix est trop aléatoire. Disons qu'on peut vivre, se transporter et s'offrir des "choses" convenablement en 2012-2013 pour 72 euros/jour pour deux (notre budget "tout compris" bouclé au 2 mars 2013, hors transports avion depuis et vers la France), en ayant aussi acheté des cadeaux qu'on envoyait par courriers postaux (lesquels sont chers). 
Soit un coût total pour deux de 13100 euros + avion AR France 2400 = 15 500 euros
On peut aussi voyager pour moins à condition de ne pas acheter de cadeaux et ne pas s'offrir de temps en temps un "extra" tel un une belle tapisserie, un mochila, les services d'un tour opérateur pour un treck ou visite d'un site reculé (environs 1000 euros en tout).  
Aucune perte sur cinq colis envoyés à tarif ordinaire. 
  

Six mois, c'est trop long ou pas assez ?

 Trop long ? Non, c'est un bon temps pour prendre son temps, s'arrêter plusieurs jours voir plusieurs semaines (La Paz, Bogota) quand on en a envie ou besoin à la condition de ne pas vouloir tout "faire", ce qui est la pire des choses. Combien de voyageurs avons nous rencontré qui égrainaient comme un exploit la liste de ce qu'ils avaient "fait".
Pas assez ? On ne sait pas. Faudra qu'on essaie plus longtemps pour répondre à cette question. 

Et question santé, pas trop la turista ?

Pour la turista, Claude deux, Liliane une, pas trop fortes et sans conséquences. Prévoir en France les médicaments pour la stopper.

Des moustiques ? Pratiquement pas, sauf dans la sierra Nevada et tout particulièrement à Minca (féroces, petits, traitres, franchement méchants). Faut dire qu'on est arrivé partout avant la saison des pluies et que c'est d'ailleurs ce qui nous a fait renoncer à passer par l'Amazone pour aller du Pérou à la Colombie, la saison y commençant au moment où nous allions y passer (début janvier). 

Pour le reste, nada, tranquille. Ah si ! pour les trecks un peu costauds, vu notre âge on avait emporté un relaxant musculaire : Tétrazépam en comprimés.

L'Amérique du sud comme la centrale, sauf peut-être dans l'Amazonie profonde, ce n'est ni l'Afrique ni le continent indien, il y a des toubibs et des hôpitaux partout en ville. Enfin, profiter du fait qu'on fait un long voyage pour se faire avant le départ un check-up santé complet pris en charge totalement, y compris pour les soins dentaires hors appareillage, par la Sécurité sociale tous les cinq ans.

Et question sécurité, ces pays là c'est vraiment risqué ?

Le pays tranquille, la Bolivie, y compris la capitale La Paz. Par contre, comme c'est aussi un pays où les mouvements populaires sont importants, prévoir qu'on peut ne plus sortir d'une ville pour rejoindre une autre, les routes d'accès étant bloquées par des mineurs ou des communautés indigènes en revendications. Les villes de Potosi et d'Oruro sont spécialistes du genre, pour autant ce serait dommage de les éviter, elles sont superbes et les gens y sont particulièrement sympathiques.

Le Pérou, à part Lima qui a très mauvaise réputation et où nous ne sommes pas allés, nous n'avons jamais eu un sentiment d'insécurité, sauf... quand le minibus ou le car frôlaient par trop l'abîme vertigineux dans une piste précaire mais ça, ça ajoute du piment au parcours.

C'est en Equateur, à Quito la capitale plus précisément, qu'on a commencé à nous dire : "dans ce quartier ci, cette rue là, de nuit faut pas s'y risquer".

La Colombie. Ah ben oui, avec toute l'amitié que nous avons pour les Colombiens, leur sens vraiment très fort de l'hospitalité, leur amour du chant, de la musique, de la danse, de la liberté, bref toutes les belles choses dont ils sont capables et bien malheureusement aussi leur pays est encore dangereux et pas seulement pour les étrangers, pour aussi les Colombiens victimes tout autant sinon plus d'agressions. Bogota, Medellin, Cartagène, Lima, Buenaventura, autant de villes où il faut s'informer sur les limites de quartiers et de rues à ne pas franchir la nuit (le barrio Belen est particulièrement à déconseiller). De jour on peut s'y aventurer mais sans rien d'autres que des vêtements passe-partout (surtout pas d'argent, d'appareil photo, de bijoux, de sacs à dos même petit, de papiers d'identité, de veste Columbia) et si possible en groupe de plus de trois personnes ou avec quelqu'un du quartier. Ce n'est pas faire de l'obsession sécuritaire que d'écrire cela et ça n'a rien à voir avec nos quartiers ou villes en France, même dits insécurisés.  Enfin, pensez à garder toutes les factures d'achat de ce que vous emportez ou achetez sur place, ça simplifie de beaucoup les remboursements par une assurance en cas de vol.

Les tours opérateurs et autres agences, c'est nécessaire ?


Rarement, sauf pour des trecks et expéditions particuliers et nécessitant un guide. Pour les autres cas, ça sert surtout à vous faire payer les autoroutes du tourisme, bref à ne pas sortir de "ce qu'il faut avoir fait et ce qu'il faut avoir vu". Nous ne sommes passés que par trois fois par un opérateur :
- la première à San Pedro de Atacama, pour une soit-disant "observation des étoiles", une arnaque complète;
- la seconde, toujours à San Pedro, pour la traversée et ballade de trois jours dans le Salar et nous n'en avons eu qu'à nous louer (voir coordonnées dans l'article sur le Salar);
- la troisième à Chachapoyas pour le village des morts et sarcophages que nous aurions eu beaucoup de difficultés à trouver sans un guide (pour coordonnées, voir "Pueblo de los muertes, Chachapoyas").
L'avantage de ne passer par un opérateur qu'en cas de nécessité : inventer ou tenter autant que faire se peut ses itinéraires et parcours, passer par ce qui n'est pas (pas du tout, pas encore, pas tout à fait, pas complètement,...) prévu par l'industrie du tourisme.




Tout ceci étant dit : vive la vie et bon voyage !





mardi 5 mars 2013

CARTAGENE, le festival de ciné, derniers jours

Le 25 février nous quittons Los Pinos et la sierra Nevada, descente en moto-taxi jusqu'au village de Minca puis retour à Santa Marta en taxi collectif afin de prendre le bus pour Carthagène.

Hébergement : hostel La Casona, agréable, beau patio, 77000 pesos chambre pour deux avec sdb et climatisation + petit dej' avec plein de fruits. Compte tenu des prix à Carthagène, c'est plus que raisonnable.

Carthagène où nous rejoignons Juan, Janeth et Magdalena pour la fin du voyage et deux jours de festival de cinéma.



Car oui, lecteur assidu et fidèle, c'est la fin du parcours Amérique du sud 2012-2013.



Pointe de mélancolie ? Un peu. Freiner, quitter supposent toujours un petit effort, une petite dose de volonté.

Tu t'attends très certainement à ce que nous te fassions don de photos montrant rues, façades, places et murs d'enceinte surplombant l'océan de cette superbe ville, la plus belle que nous ayons rencontrée avec Cuzco. Hé bien non, rien, nada, que couic et peau d'zébu! 
Non seulement nous avons pris peu de photos mais en plus nous avons égaré la carte les contenant. Voilà, c'est comme ça les derniers jours

Nous n'allons pas non plus te décrire Carthagène, tous les guides de voyage et sites internet consacrés à elle en parlent abondamment. Sache simplement qu'il y faisait très chaud et que les ballades de nuit y sont magiques.

Le festival dure cinq jours, il concerne un grand nombre de productions des pays d'Amérique centrale et du sud et permet de voir que la création cinématographique du continent, fiction et documentaire, est importante et riche de qualité. Pour notre part, nous étions plus intéressés par la section documentaire longs métrages mais nous sommes loin, très loin d'avoir tout vu.

Une surprise le premier soir : nous allons, avant de retrouver Juan, sur la grande esplanade devant le Centre des congrès, au bord du port. Un documentaire y est projeté en plein air et pour un vaste public. Il s'agit du film "Les rebelles du foot" avec Eric Cantona, films qui retrace l'engagement de cinq footballeurs contre les dictatures de leurs pays. Ici, en Colombie, le film fait un tabac.

Notre plus grand coup de coeur, le documentaire de Priscila Padilla : "La eterna noche de las doce lunas" qui a obtenu le prix spécial du jury du festival. Tu n'as pas manqué, lecteur attentif, de faire immédiatement le rapport avec le film dont nous parlons dans notre article sur les Wayuus et la Guajira, bravo pour ta capacité de mémoire.

Et notre coup au coeur final : avant notre arrivée à Carthagène, Magdalena, fille de Juan et Nouria, y avait présenté l'un de ces documentaires courts métrages sur des lettres de familles ayant adopté des enfants Colombiens, docu que nous n'avons donc pu voir. Il a remporté le deuxième prix "jeunes créateurs". Magdalena a 23 ans, passionnée de ciné, d'esthétique et d'engagement dans la vie, ce prix lui ouvre de belles opportunités de rencontres et de projets. 

Le mercredi 28 à 15h30 nous prenons l'avion. Escales courtes à Bogota puis quelques heures après à Roissy, nous arrivons à Toulouse le jeudi à 12h30.

mardi 26 février 2013

Santa Marta, Parc Tayrona - Sierra Nevada : Juan Carlos


Parc TAYRONA - Sierra NEVADA



Le Parc Tayrona : une côte de rêve avec des criques à faire rêver les catalogues de voyage, des villages Éco-touristes authentiques a souhait, tout plein de beaux et gentils touristes européens, nord américains, japonais et sud américains bronzés, bref tout y est plus beau qu'une carte postale. Nous y étions partis avec notre modeste tente pour trois ou quatre jours mais dès le premier nous sentimes que nous allions nous y ennuyer, nous quittames le paradis dès le lendemain. Bye, bye ! Ah si ! dans la lagune proche du camping il y avait un crocodile tout ce qu'il y a de plus coopérant pour l'office de tourisme et les appareils photos : matin comme soir il restait là, entre deux eaux, très croco comme il faut.

 *

LA SIERRA NEVADA, LA FINCA DE JUAN CARLOS, LOS PINOS


Non, non, lecteur avide de sensations fortes, nous ne sommes pas allés sans la sierra Nevada pour nous perdre dans sa jungle ni vaincre des sommets mais pour y rencontrer quelqu'un : Juan Carlos, cousin et ami de Juan, tout petit producteur de café et homme rare.

Pour rencontrer Juan Carlos nous sommes montés jusqu'a un hameau a deux heures de marche au-dessus du village de Minca, Campano. De là, encore une bonne demie-heure et l'on trouve, isolé sur une crête, le petit hotel Los Pinos avec vue immense sur les montagnes, les vallées, Santa Marta au loin, l'océan sur tout l'horizon.  Los Pinos est tenu par un jeune anglais, Edward, qui est aussi l'ami de Juan Carlos : ils partagent tout deux la meme passion pour des manières de vivre proches de la Pachamama. L'hotel est très rudimentaire mais rien n'y manque, en tout cas ni nourriture, ni eau, ni bonne ambiance. 

Pour rejoindre la finca de Juan Carlos il faut encore monter la piste puis le sentier pendant deux heures trente.


Nous y montons de bon matin. La finca  est  située a 1800 m dans la montagne, de l'autre coté de la vallée. Deux heures trente de marche avec l'étagement de végétations : forêt tropicale épaisse et multiples torrents, variation d'eco-systemes selon les expositions, très hautes fougères arborescentes, arbres aux fleurs orangées, lianes, bambous et mille autres espèces. Chants d'oiseaux, ils sont ici légions et de tres grandes variétés, stridulations d'insectes, oiseaux colibris qui plongent leur bec dans le calice des fleurs.


Un dernier sentier escarpé et voici Juan Carlos. Il brosse les grains de café qui sèchent au soleil. La plantation est sur un versant escarpé de la montagne. Une pierre dressée en annonce l'entrée. Une cuisine cabane, tout comme chez les indigènes, et une tente comme habitation  sont tout le confort de cet hermitage-caféier.


Juan Carlos est fils et petit-fils de révolutionnaires, son père est mort au combat dans la guerilla. Il était il y a peu encore ingénieur informatique a Boston, USA, ou il tentait de lutter contre le système capitaliste. Il a tout laissé pour venir s'installer dans cette finca récemment plantée en 2010. C'est sa troisième saison dans la montagne. 

- Je suis venu me sauver moi-meme avant de sauver le monde. Ma philosophie : vivre de mon travail sans alimenter le systeme. Maintenant, je sais qui je suis.


Il nous prépare le repas sur un feu de bois. Une economie du strict necessaire. Il vit tout juste de son café, les cours sont bas. Le plus difficile ? la saison des pluies, il pleut tous les jours d'avril a mai.


Une belle rencontre d'un homme encore jeune qui va jusqu'au bout de lui-meme, devient paysan pour se trouver.


Nous sommes restes dans la sierra du jeudi 21 au lundi 25 fevrier. Peu de photos, la carte en contenant le plus grand nombre a été égarée à Carthagène.
Quelques photos du parc Tayrona





 la Sierra Nevada aux abords de la finca de Juan Carlos

















LA GUAJIRA ou pourquoi nous reviendrons en 2015


Du vendredi 15 février au mardi 19
Juan et Janeth nous ont mis en contact avec Javier, un ami qui vit a Santa Marta, une petite ville portuaire sur le Pacifique, au nord de Carthagene et de Baranquilla. Javier a pour amis des Wayuus d'une communaute indigene de la Guajira. Le projet est que nous puissions passer quelques jours dans la rancheria de la communauté.
Cher et hypothetique lecteur autant te prévenir tout de suite, cet article est long. Nous avons fait le choix de te parler de gens, d'une communauté, qui nous ont beaucoup donné en peu de jours. Il contient aussi plus de photos qu'habituellement. Il commence aussi par quelques noms qui ne te sont peut-être pas communs :
Santa Marta - De cette petite ville il y a peu a dire si ce n'est qu'elle est la porte de nombreux sites très touristiques de la cote Caraibe, tels le Parc naturel Tayrona et la sierra Nevada sur lesquels nous reviendrons dans un tout prochain article.
Un hotel de bonne qualité pour un prix plus que modique : la Casa Familiar, calle 10  n2. Propre, aéré, disposant d'une cuisine, prix une chambre pour deux avec sdb 40 000 pesos. Frequenté essentiellement par de jeunes voyageurs et ouvriers de passage. Deux restos que nous recommandons, l'un pour une cuisine copieuse, bonne et a prix modiques - il est situé juste en face de l'hotel - l'autre pour sa cuisine de qualité, fine et délicate, a prix tout a fait abordables - le Marisol, calle 19 n 3. Tout deux font une cuisine de poissons et camarones.
La Guajira - Le territoire le plus au nord de la Colombie. C'est une vaste presqu'ile, semi-désertique dans sa premiere moitie, désertique dans la seconde. En frontiere a l'est avec le Venezuela ce qui a permis de developper une activite presque legale, en tous cas abondante... la contrebande, en particulier d’essence.  La capitale de la région : Riohacha, ville de 180 000 habitants et sur la côte.
Les Wayuus - Peuple indigéne originaire de l'Amazonie venezuelienne. Ils ont opposé une resistance farouche aux Espagnols, ont été – c’est dans la logique des choses - largement décimé, se sont refugiés dans les parties les plus inhospitalières de la Guajira. Leur langue : le Wayuu. Ils vivent en petites communautés familiales ou clans, dans des rancherías (hameaux), de la pêche en mer et en lagune (crevettes) pour ceux sur la coôte, de la recolte de sel de terre pour ceux a l'interieur du desert. Ce sont aussi eux qui confectionnent ces superbes sacs en laine tissée et aux couleurs et motifs éclatants : les mochilas. Farouches avec les gringos comme avec les autres Colombiens, ils tiennent a leur langue, leur culture, leurs valeurs et modes de vie, bref à leur identité. Enfin, point très important nous le verrons par la suite, leur société est matriarcale.
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Et maintenant, lecteur qui en attendm plus, reprenons le fil de notre séjour.
Ce qui n’était encore qu’un souhait prend forme et se réalise apres quelques coups de fil et emails. Javier est un homme d'action et d'entreprise, à peine arrivés a Santa Marta nous sommes mis en contact avec Clareña.
Clareña  vit avec toute sa famille étendue (mari, enfants, parents, soeurs et freres, belles-soeurs et beaux-freres,...) dans la rancheria Cachaca 3, a 10 km sur la cote au sud de Riohacha. Les indiens sont plutot de petite taille et de peau tres mate, le cheveu absolument noir, elle ne déroge pas a la règle. Elle a un sourire eclatant qui laisse largement voir une dentition de grand carnassier (alors qu'ici on ne mange presque jamais de viande), des yeux noirs pétillants d'intelligence. Clareña est allée jusqu'en terminale, ce qui est peu commun, elle comprend un peu l'anglais, sait parfaitement lire et écrire, elle est par conséquent  celle qui formule et négocie dans les relations avec les différentes administrations. Un mari, Cesar, et cinq enfants de 3 a 13 ans, Alessander, le plus jeune, Jordana et Nanci, les deux filles, Christian et Alan, les deux aînés. Son papa est le cacique de la rancheria, une sorte de maire très respecté, même si ce titre est plutot decoratif... Ca ne t’a pas échappé, lecteur attentif, le veritable pouvoir c'est celui de sa femme : lui parle, elle decide.
 
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 Notre bus venant de Santa Marta s'arrête sur la nationale qui file tout droit vers Riohacha, en pleine désolation de végétation pauvre et épineuse. Motif de l'arrêt : Clareña agite un tee-shirt aux couleurs du drapeau colombien, bout de tissus fixé au bout d'un râteau. C'est le signal convenu avec le chauffeur du bus afin qu'il sache où nous déposer dans ce paysage uniformement sableux et désseché. Clareña est accompagnée de Cesar et de la plus grande des deux filles, Nanci, 8 ans. Accolades joyeuses, puis nous prenons la petite piste qui mène a la ranchería.
Vingt minutes après nous y voici : un tres vaste cercle sableux gagné sur la maigre végétation, avec tout de même quelques petits arbres pour sauvegarder des endroits d'ombre.  Une petite dizaine d'habitations, ou cabanes, espacées et avec chacunes la cocina (cuisine) : un cabane plus rudimentaire separée seulement de quelques mètres de celle qui sert d'habitation à l'ensemble de la famille restreinte. La famille vit dans une seule piece de 12 m2, chacun des membres dispose d'un hamac pour dormir. Nous retrouvons ici l'habitat traditionnel propre à nombre de peuples et communautés indigenes, tels les Quechuas de Bolivie et du Perou ou encore les Tarahumaras, Mayas et Huicholes du Mexique. Une école, une seule clase pour les 20 jeunes enfants scolarisés, pour les plus grands le college et le lycee sont a Riohacha); une vaste case communautaire ou se tiennent les assemblées du village et où sont recus les visiteurs d'autres communautés indigènes; une citerne de 9 m3 d'eau potable; cinq ou six petits enclos pour les chèvres et les brebis lesquelles mènent dans la journée leur vie en toute liberté avec cochons noirs, poules et coqs, chiens chats et raton laveur. Tout ceci forme un espace parfaitement identifié, ouvert et de circulation entre les maisons familiales et en proximitéavec la grande lagune et l’océan.
De quoi vit-on à la Cachaca 3 ? Essentiellement de la pêche, pêche aux poissons dans l'océan, pêche aux crevettes dans la lagune. Chaque nuit, vers 3 ou 4 h du matin, les hommes les plus jeunes partent sur de petites barques, certaines avec un moteur plus que rudimentaire,toutes avec une petite voile carrée ainsi qu'une pagaie. Ils reviennent vers les neuf heures. Pêche au filet qui ne ramène guère plus d'une vingtaine de poissons de petites tailles, lesquels sont immediatement répartis entre trois ou quatre familles par une femme, souvent Clareña. Quand la mer est trop forte, ce qui arrive assez regulierement, on ne part pas. Nous sommes dans une economie d’ auto-subsistance. Ce qui se vend : parfois les crevettes lorsque la pêche a été fructueuse mais surtout  les mochilas, ces magnifiques sacs de laine, que des femmes vendent a Riohacha ainsi qu’aux commercants de toute la côte Pacifique et bien au-delà. Pour les reste: essentiellement du riz, des pâtes, des bananes et quelques légumes (courges, par exemple), tout est importë. Du tourisme ? Ici, aucun. Il n'y a nulle infrastructure pour le recevoir, le paysage y est trop desole, les plages peux propices a la baignade et de toute manière les Wayuus sont bien trop préoccupés de préserver leur identité.
 
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 Deux arbres auxquels sont accrochés deux hamacs seront notre maison. Le jour, il fait très chaud, même lorsque le vent soufflé ce qui est fréquent; la nuit, entre 3 et 5h, il fait frisquet. Les hamacs se balancent sous le vent, le ciel est incroyablement constellé d'étoiles, la lune baigne la rancheria d'une douce lumiere.
Si peu de choses, si peu de biens. Quelques cellulaires, une télé pour certains et toutes avec des captations plus qu'improbables. La veille du jour ou nous sommes partis, le lundi, le générateur a rendu l'âme. C'est lui qui fournit l'ensemble de la rancheria en électricité; il est fourni par la ville de Riohacha dont la communauté dépend. Tirer une ligne électrique sur les 10 km séparant le village de la ville serait évidemment la solution, d'autant que d'autres rancherias sont à proximité, mais cela aurait pour consequence d’installer du durable, ce qui est inenvisageable pour les autorités gouvernementales, qu'elles soient de la capitale ou de la région. Nous y reviendrons dans notre partie L’intolerable et la colère...
Ici pas de gestes de violence, que ce soit a l'encontre d'un adulte ou d'un enfant. Jamais non plus un mot plus haut qu'un autre. Non pas que nous soyons en présence d'anges ou d'êtres parfaits mais simplement parce-que la recherche de l'équilibre dans les relations est une necessité pour la survie. Le dimanche en fin d'apres-midi, les hommes se donnent au footbal. Le jeu est vif, âpre, jamais violent, la moindre faute jamais contestée. Ce même dimanche, nous sommes restés toute la journee sous nos deux arbres en compagnie de Clareña, de ses parents et de Cesar. Cesar nous fabrique une gourde-calebasse, le papa en realise le filet pour la porter à l'epaule, la maman tisse une mochila, Clarena assure le ravitaillement en eau, café, repas du midi; les enfants circulent, jouent avec nous, repartent s'occuper des brebis et des chèvres, c'est de leur responsabilité quotidienne. Nous devisons tranquillement, la parole circule sans heurt, le papa raconte des histoires, le temps s'écoule doucement; aucune envie aucun besoin d'être ailleurs que là ou nous sommes maintenant;  demain lundi les travaux  quotidiens attendent chacun.
Ici aussi le chamanisme existe. De lui, Clareña et celles et ceux avec qui nous avons parlé nous diront peu, hormis qu'il emprunte plusieurs formes, celles pour les soins, pour les rituels, les divinations,... Pas de pratique religieuse visible, le catholicisme semble pour le moins accessoire.” Il y a un dieu un seul”, nous dit Clareña, mais de lui ou d'elle nous n'en saurons pas plus, hormis que terre et pluie sont sacrées. Car la pluie tombe, en mars et abril, abondamment chaque jour, transformant pour deux ou trois mois le désert en vaste lagune mais ne permettant pas à la végétation d’en profiter vraiment : le sol est trop pauvre.
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 Encore ce dimanche soir. Nous sommes assis près de la cocina. “ Je vais vous raconter une histoire, nous dit Clarena, et c'est aussi un mythe”. C'est arrivé â mon papa dans un songe. C'est l'histoire de la Sirena (sirene).
C'etait la nuit, mon papa etait près de la lagune. Il revenait vers la rancheria et, derrière lui, il a entendu qu'on l'appelait, une voix de femme. Il se retourne et il voit une femme habillée d'une grande et belle robe blanche qui lui descend jusqu'aux pieds, une robe scintillant. C'était la Sirena. Elle enlève sa robe et mon papa voit qu'elle a des jambes et deux pieds, tout comme une femme. Puis elle remet sa robe. Elle voulait que mon papa soit son amoureux. Alors, sur la lagune, mon papa a vu aussi une très grande maison avec dix, vingt, plus de trente pièces, une maison pleine de gens, des gens qui ne le voyaient pas. Mon papa savait que c'etait la maison de la Sirena, il n'a pas voulu y entrer, il a repris son chemin. Mais la Sirena le suivait et quand il est arrivé au village, elle était toujours là. Mon papa la voyait mais les autres du village ne la voyaient pas. Au bout d'un long moment, la Sirena a disparu. Quand mon papa est revenu a la lagune, la grande maison aussi avait disparu. C'etait un songe mais les Sirenas existent réellement, j'y crois.
Encore une autre histoire :
Une fois, dans un village pas loin d'ici, une Sirena a choisi un jeune homme pour amoureux. Elle venait de la mer, pas de la lagune. Il y a aussi des Sirenas des rios, des torrents de la montagne et de la forêt. Le jeune homme est tombé amoureux, il l'a emmené dans sa maison, dans le village. Il a bouché la fenêtre de la maison, il a aussi réduit la porte pour que les autres du village ne puisse la voir. Très vite, il a eu tout ce qu'il voulait : beaucoup de poissons quand il partait pêcher, beaucoup de bonne nourriture, de brebis, de chèvres. Evidemment, les gens du village étaient tres intrigués, ils voulaient voir ce que le jeune homme cachait dans sa maison. Puisqu'ils ne pouvaient voir par la fenêtre obturée, par la porte réduite, ils ont percé un trou dans un mur. A l'instant même ou ils regardèrent par le trou, La Sirena disparut et avec elle toutes les richesses. Quelques temps après, le jeune homme est mort. C'est une histoire vraie."
Aujourdhui, alors que je tente de corriger les fautes de frappe de ce texte, nous sommes à Carthagène, au festival international de cinéma. Ce matin nous avons vu un admirable documentaire long métrage, il avait pour sujet l’initiatiation d’une très jeune adolescente pour la préparer à ses premières menstrues et à devenir femme. Nous avons vu tres exactement le mythe de la Sirena vécu dans un long rituel (plusieurs mois) pendant lequel la jeune fille, initiée par sa mère, sa grand-mère, d’autres femmes de la communauté, reste enfermée dans une cabane construite spécialement pour elle par les hommes. Là encore aucune violence, le rituel est parfaitement accepté par celle qui va devenir femme, ewlle est quotidiennement accompagnée, recoit des soins particuliers, entend les mythes et valeurs des femmes Wayuus. A la fin de l’initiation, elle choisit si elle veut être ou non mariée oupromise à un homme dont le père promet la dote. Elle refusera pour pouvoir continuer au lycée ses études. Ce documentaire est d’une force et d’un enseignement bouleversants sur très grande richesse de la culture Wayuu. Son titre : La eternal noche de las doce lunas (L’éternelle nuit des douze lunes). Amis francais, chance immense : il sera projeté en présence de la réalisatrice le 12 mars prochain au festival latino-américain de Toulouse !    
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Ana Akua ipa, wanawaa, llotoo akua'ipa, wayuuira ayatawaa, sumaiwamaajatu wayuu mule'u  sulu unukua'ipa. akua'ipa, tuu taashiika, kajata akua'ipa.
Le bien de tous est une vision pour faire un futur meilleur, de génération en génération notre savoir. Partager, respecter, donner à connaître sur nos manières de vivre, continuellement, aussi sur les valeurs de notre culture présente comme celle du passé.
Le Wayaunaki est la seconde langue officielle de l'Etat de Zulia eu Venezuela et du departement de la Guajira en Colombie.
 
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Lundi fin de matinée  veille de notre depart, avec Clareña et sa famille nous partons pour Riohacha. Objectifs de la journée : la visite du Centre culturel et de son expo sur les Wayuus, manger une glace au supermarkett Carrefour (ben oui, ami lecteur, ici aussi Carrefour existe et il a été racheté par une grande banque chilienne).
Lèche- vitrine, les enfants s'extasient devant les bijoux et les chaussures pour femmes decorées de perles de couleur, Cesar devant les sonos (ah, diffuser le plus fort possible a partir de la maison des musiques et chants colombiens !) et les outils (Cesar est un excellent bricoleur frustré de n'avoir que très peu d'outils usagés), Clarina devant les imprimantes (on lui a donné un vieil ordi avec lequel elle peut consulter internet, taper les documents administratifs, et elle économise pour acheter de quoi imprimer), tous devant les réfrigerateurs, le rêve impossible bien au-dessus des moyens financiers. Enfin, poulet frites et glaces tant attendus.
Le Centre culturel est une énorme structure moderne situé a l'extremité sud de la plage. Enorme et presque vide. Ca nous rappelle ceux de Santiago et de Valparaiso au Chili : on fait des grands batiments dans lesquels il n'y a pas de fonctionnement (ca doit sans doute rapporter pas mal d'argent aux decideurs et aux entreprises du batiment...).
Deux très grandes salles pour l'expo. L'une, en plein aménagement, doit recevoir des panneaux textes et photos sur les recherches ethnologiques menées dans les années trente (un scientifique francais - Paul Ribet - a conduit des recherches financees par le gouvernement de Leon Blum). L'autre expose des objets et textes sur la culture Wayuu, la pêche, le matriarcat, les coutumes et manières de vivre (reconstitution d'une cocina avec exactement les memes objets que ceux de la cocina de Clariña ou de sa maman ou de toute femme de la rancheria...). Une partie culture et éducation montre de jolis enfants dans une jolie classe avec de jolies fournitures, beaux livres, gentil maitre... Parfait mensonge : qu'il fait bon et doux de vivre chez ces gentils indigènes qui, grâce a Riohacha et la région, et sans doute aussi grâce au vrai Dieu et aux Espagnols qui l’ont si gracieusement importé, disposent de tout et ne manquent de rien (violente envie de tout casser…). Dans une seconde partie, maquettes et trucs-muches alternatifs sur l'exploitation petroliere et de gaz sur la côte la plus au nord de l'Atlantique, avec deux immenses plateformes.
C'est cette seconde partie de l'expo - gloire a la technologie colombienne - que nous commente la directrice du Centre mais sur la premiere... nada. Heureusement que Clareña est la, heureuse et fière qu'une expo soit faite sur leurs communautes et ce malgré l'indigence des infos données (bon, on casse pas…).
Rien, absolument rien sur l'extrême pauvreté des communautés wayuus, sur leur relegation dans les territoires où rien ne pousse, où vivre est une gageure.
Rien sur le déversement par la ville de Riohacha de ses eaux usées dans une grande lagune, avec disparition de la faune et de la flore.
Rien sur l'absence d'équipements durables en eau potable et électricité (alors que la Bolivie vient d'en terminer les équipements pour toutes les communautés et villages des hauts plateaux andins ainsi que pour la région de Vera Cruz).
Rien sur l'absence totale de gestion des ordures. Pour celles décomposable  les indigenes savent comment faire, mais pour ce qui est des sacs platiques si abondants dans toute l'Amerique du sud et centrale, ils entourent en un vaste cercle la rancheria.
Rien sur ces écoles vides de tout materiel pédagogique, seuls des chaises a plateau inclinable pour tout espace de travail individuel et collectif, y compris pour le maitre, et un tableau blanc avec quelques feutres desséchés. Lequel maitre est recruté et remuneré par la ville de Riohacha pour exercer 4 heures par jour - oui attentif lecteur, tu as bien lu : 4 heures par jour ! - et pour exercer un metier sur lequel il a tres peu de formation et fort peu de motivation.
Mais par contre, oui, d'affreuses statues monumentales sur les avenues qui bordent  les plages de Riohacha, Santa Marta et autres villes de la côte, toutes du même salopard de sculpteur (pardon d'utiliser ce mot de sculpteur pour ceux qui en exercent véritablement l'art), statues d'une femme et d'un homme indigène aux corps monstrueusement musclés - representations fascistes - aux visages exprimant une niaiserie ignoble. Oui, on vend un peu partout de l'indigène, de la fausse culture indigène, pubs et offices ou agences de voyage, parce que c'est bon pour le tourisme. Et le touriste, hélas, en raffole.
C'est quoi tout ca ? Du racisme et de la discrimination, tout simplement. A dégueuler. Politiques et décideurs, grands patrons, leaders representants des indigènes pratiquent la corruption et les detournements de fonds publics à grande échelle - la corruption comme mode de gouvernance - sans qu'aucun controle, aucune transparence ne puissent s'exercer. Heureusement que les démocraties européennes (pour ne parler que d'elles) montrent l'exemple d'une grande integrité, telle l'Espagne et les récentes révélations sur les detournements à grande echelle touchant même la famille royale, ou bien encore les detournements de biens  publics exercé par des politiques francais. Criminalité économique  et financière ont quelques beaux jours devant elle.
 C'etait notre partie Indignités et colère....
 
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Mardi 19 fevrier, nous quittons la rencheria, Clareña, Cesar, les enfants, les parents, les soeurs et frères, d'autres jeunes encore. Un dernier café et nous voici partis vers le terminal de bus de Riohacha.
L'experience vécue au cours de ces cinq jours est forte, prenante. Un vague projet commence a se dessiner, nous en parlons pendant le trajet du bus, puis avec Javier que nous retrouvons a Santa Marta : aider l'ecole de la rancheria a s'equiper ? Beaucoup trop tôt pour t'en parler ici dans ce blog, cher lecteur : tout est à étudier, réflechir pour construire avec d'autres en Colombie et en France... Gageons seulement que nous t'en reparlerons dans quelques temps.




 
Clareña

 
Cesar

 
Le papa et une soeur











 
notre chambre





 
la maman et Clareña


 
la cuisine

 
l'habitation de la famille


 
la danse de la jeune initiée