dimanche 30 décembre 2012

ALAUSI, Equateur

Depuis huit jours les longs voyages en bus avaient tendance à s'enchaîner... le passage du Pérou à l'Equateur plutôt laborieux, la chaleur tropicale des villes proches de la côte Pacifique, le fait que nous débarquions dans un pays sans avoir véritablement d'autre projet - hormis celui de visiter sa capitale Quito - que celui de le traverser pour gagner le sud de la Colombie, tout celà fit que nous ressentîmes pour la première fois de notre voyage une grande fatigue. Heureusement, sur notre route, il y avait ALAUSI.

Non pas qu'Alausi soit particulièrement remarquable, renferme des trésors d'architecture, soit le point de départ de randonnées et trecks - tout juste un train à vapeur pour touristes qui conduit à un volcan éteint, "La dent du diable", et coûte la peau du cul (25 dollars US) pour trois heures de tchouf tchouf -, connaisse de folles soirées festives, non, non, ami lecteur, seulement des montagnes arrondies couvertes d'une végétation tropicale, des nuages et du brouillard dès 15h, des vaches et des moutons, des gens. Alausi est une toute petite ville sur la Trans-americana qui traverse la cordillera du sud au nord, juste avant Riobamba en arrivant  des grandes plaines côtières et Quito la capitale est encore à quelques centaines de kilomètres.

Bref, Alausi est l'endroit idéal pour dénicher une bonne chambre d'hôtel (hostal San Pedro. Av. 5 de junio, tel. 32-9300089, sandisanc4@hotmail.com), y poser son sac et faire de longues nuits additionnées d'un peu de sieste. Ce que nous faisons depuis le 28 décembre et jusqu'au 31, c'est à dire demain matin.

Aujourd'hui c'est dimanche. Nous devions - ô les témeraires ! - faire une balade jusqu'à une cascade à une vingtaine de kilomètres (en bus, pas à pied, faut pas pousser !), mais le bourg est en pleine efferverscence. Dès 7h du matin des cars, des camions, des véhicules de toutes sortes convergent vers l'avenue principale, bourrés de familles de paysans, de ballots et marchandises, de moutons. C'est jour de foire.

Si l'on consulte les dépliants mis à disposition des touristes et vantant les beautés du pays (réelles et nombreuses), on constate :
1 - qu'Alausi n'est pas citée (mais en vertu de quoi le serait-elle ?)
2 - que les habitants de l'Equateur sont pour la plupart bronzés, voir très bronzés (nombreux descendants d'esclaves noirs), mais habillés "comme tout le monde".
Serait-ce la particularité d'Alausi et de ses alentours qu'autant de gens soient vêtus de manière traditionnelle ?

Remarquons d'abord que les femmes de l'Equateur sont belles, aussi bien près de la côte qu'ici en montagne. Mais ici avec un petit plus : l'élégance de leurs vêtements. Les couleurs - beaucoup de rouges, de bleus, de verts - sont éclatantes, les formes mettent les corps et plus encore les maintiens en valeur, les petits chapeaux piqués d'une ou plusieurs plumes sont séduisants (femmes et hommes portent le même), les bas de laine loin d'alourdir la démarche mettent en valeur des jambes fines et solides, les bijoux - boucles d'oreilles, colliers, broches pour tenir le châle - ajoutent à la coqueterie. 

Remarquons ensuite que même les jeunes filles aiment à porter ce vêtement pourtant traditionnel et que le marché est aussi pour elles l'occasion de débattre et marchander  avec le soutien et la complicité des copines, d'un nouveau jupon, d'un corsage brodé.

Rien de plus contaminant que la coquetterie. Nous y avons contribué en ajoutant une plume à nos chapeaux du sud péruvien.

Tu n'auras pas manqué de constater, vigilant lecteur, que cet article est parfaitement futile. 

Dernier point, histoire de mettre un peu de sérieux  : c'est incontestable, l'Equateur tranche sur le Pérou - et plus encore sur la Bolivie - par son niveau de vie, la qualité de son habitat et de ses routes, la propreté des villes. Le pays est petit (la moitié de la France), très riche en biodiversité, un climat stable tout au long de l'année ("l'éternel printemps" dit-on ici dés qu'on est au-dessus de 1500m), avec une agriculture diversifiée et généreuse (dont une production importante de cacao, café et thé), une industrie de services développée et du pétrole certe pas autant que le Venezuela mais suffisamment pour assurer des revenus trés confortables.

























mercredi 26 décembre 2012

Cajamarca et célébration Quechua, Chiclayo, passage à l'Equateur

 Après avoir écrit cet article, sa relecture permet d'en noter sinon un aspect de confusion possible au moins une difficulté à suivre les trajets, parcours et voyages qu'il évoque. En effet, de Cajamarca sur laquelle il commence, il saute ensuite á Chiclayo (au nord-ouest) puis á Tumbes (frontière avec l'Equateur) puis Chamala (au bord du Pacifique, sud de l'Equateur) en passant par des marchés,  un rituel Quechua, des sortilèges et amulettes, des oeuvres picturales...  Accroche-toi à ta boussole interne cher lecteur.

Nous sommes arrivés le dimanche 19 décembre au soir á Cajamarca, nous en sommes repartis le mercredi 22 au soir pour Chiclayo.
Aprés Chachas, trés campagne profonde, le retour á une grande ville est un peu étourdissant. Fort heureusement son centre est vaste, sa plazza de Armas l'une des plus grandes du Pérou, les eglises, maisons et palais fort beaux.
Le petit hotel "prix réduits" sur lequel nous comptions semble fermé, nous atterrissons dans un hotel plus "luxe" á l'un des angles de la grande plazza, "l'hospedage de Belén". Belle chambre avec grand balcon donnant sur la police-touristes... nous sommes en parfaite sécurité (avec le Lonely planet, rédigé en grande partie par des nord-américains, on est sans cesse mis en garde contre tous les dangers qui galopent en Amérique du sud). Le luxe s'avérera plutot profitable puisque nous bénéficierons d'une remise exceptionnelle : pour quatre jours nous en paierons trois  (90 soles par jour, ce qui raméne la chambre á 70 soles). 

CAJAMARCA

vraiment agréable pour flâner, y compris dans son marché. C'était la préparation de la fête de Noel pour tous, l'ambiance était assez extraordinaire.

Le lundi 20, visitant l'ensemble du Complejo de Belén (ancien hopital et église du XVIIe S), nous tombons d'abord sur deux expositions de peintres, l'une permanente et consacrée à Andrés Zevallos De la Puente, l'autre temporaire, avec des oeuvres de Ramòn Bazàn, et dédiées en hommage au premier.
Tous deux ont choisi pour thème principal de leurs oeuvres l'identité paysanne et plus précisément celle de Cajamarca.

"En sortant d'l'expo" une simple annonce affichée attire notre attention, elle annonce de facon fort sybiline une célébration rituel Quechua dans l'aprés-midi du 21, c'est à dire le lendemain. Contact aussitôt pris avec l'Amicale Quechua, son président nous invite á participer. Ce mardi 21 nous voici donc partis avec lui, un jeune membre de l'Amicale et un accompagnateur-chauffeur  pour un minuscule village situé á quelques kilométres de la ville.

La cérémonie se déroule dans la cour intérieure d'une maison villageoise. Une dizaine de femmes sont déjá lá avec une petite vingtaine d'enfants de trois á dix ans. Le président nous présente comme étant ses amis invités, nous saluons l'ensemble de l'assistance. Un verre de vin et une tasse de chicha circulent d'adulte en adulte puis le rituel commence. Le président en rappelle d'abord, pour les enfants, les raisons : rendre hommage á la Terre-mére puisque demain, 22 décembre, un changement de solstice annoncant un "nouveau monde" aura lieu. Il dit aussi que des cérémonies vont avoir lieu dans toutes les communautés et peuples indiens d'Amérique du sud et d'Amérique centrale. Enfin, il ressitue l'événement dans la culture indigéne, son attachement au respect de la nature, les rapports paysans qui s'y constituent. Il dit que cette fête a un caractére universel et qu'elle appartient á tous, sans distinction de croyance ou de culture.

Le jeune qui l'accompagne dispose alors sur le sol, au centre de la cour, un tissus rouge sur lequel sont posés quelques épis de mais, des pépins de courge, quelques piéces de petite monnaie, le verre de chicha. Quelques enfants et adultes sont invités á former cercle autour de ces offrandes. Le jeune homme fait alors á voix trés projetée une priére á la Pacha Mama. Puis la priére cesse aussi brusquement qu'elle acommencé, l'assistance applaudit sa propre assemblée et ce qu'elle célèbre, viennent alors la distribution de petits ballons á chaque enfant et une collation : chocolat chaud et l'inévitable Panetone italien, le gateau de Noêl dont raffolent les péruviens.

Ce qui nous a frappé c'est la trés grande simplicité, voir la pauvreté, de cette cérémonie en même temps que le sérieux et le sourire dont ont témoigné chacun des membres, qu'ils soient adultes ou enfants.

Pour les photos, nous choisissons de vous présenter d'abord quelques-unes des oeuvres des deux peintres (Zevallos est mort dans les années 80, assez peu reconnu, Bazán expose en Amérique et en Europe) ainsi que des  photos prises avec l'accord de la communauté lors de la célébration. C'est notre manière de participer á un hommage à ces cultures indigènes qui parviennent à ne pas disparaître et à enchanter des imaginaires.

Et puis, dans une seconde série de photos, celles prises au marché de Cajamarca et à celui de Chiclayo, ville oú nous serons ensuite les 24, 25 et 26 décembre, avant de reprendre un bus le 26 á 21h30 pour Tumbes, ville changement-de-bus très "opérette militaire" permettant de passer du Pérou à l' Equateur (arrivés le matin à 5h20 à Tumbes, départ à 11h pour Guyaquil puis Chamala oú nous débarquons vers 17h un peu... cassés).

De CHICLAYO sur laquelle nous avons peu à dire, sinon qu'elle est grande et moderne, que le cevije et le verre de vin chilien du soir de Noel furent gouteux, que le Museo Tumbas Reales de Sipan, à 11 km de lá dans la ville de Lambayeque renferme les plus extraordinaires trésors pré-incas de l'Amérique du sud.

L'architecture extérieure et intérieure du musée est déjà en elle-même une très belle oeuvre contemporaine, sorte de très grande pyramide de couleur terre rouge avec sa rampe d'accès. A l'intérieur sont exposées les découvertes faites par les archéologues il y a encore peu (les fouilles sont loin d'être achevées) sur les tombes de deux seigneurs ainsi que de chamans et guerriers, tombes qui datent de plus de 1500 ans. Nous intégrons cette exposition à notre article précédent sur les Rituels funéraires pré-incas, sachant qu'il est rigoureusement interdit d'y prendre des photos... et que nous n'avons pu déroger à cette interdiction. Tu peux toujours, ami lecteur, aller visiter le site internet du musée mais tu risques de voir ta curiosité, louable et légitime, déçue.


quelques oeuvres de Ramón Bazàn





 et d'autres de Andrès Zevallos





célébration Quechua du changement de solstice ou nouveau monde









marché


truites prêtes à frire



cochons d'inde prêts à cuisiner, ici on les nomme "cuyes" (prononcer "couilles") 



piments variés



herbes médicinales, amulettes, etc...


"san pedro", cactus très hallucinogène



gringos sous l'emprise d'un cevije (poisson cru cuit au jus de citron vert)