lundi 26 novembre 2012

AYACUCHO, y arriver... y rester trop peu... Wari, Quinua

Ah, Ayacucho... Quelle ville mystére !...

Mais d'abord, il faut y arriver.

LE VOYAGE, tout un poéme sur l'attente

Départ du bus de Cuzco pour la premiére étape via Andahuylas le mardi 20 novembre á 20h, arrivée dabs cette derniére le mercredi 21 á 4h30 du matin.
Ca redémarre ce mëme matin á 6h30 et jusque lá tout va bien.
Nous savions que la route serait dure, nous n'imaginions pas encore á quel point.
Ce n'est plus une route, c'est une piste. "Parfois il vaut mieux une bonne piste qu'une mauvaise route", dit le vieil andin. Oui, mais encore faut-il que la-dite piste ne soit pas sous la domination des engins Caterpillar et autres monstres mécaniques.
A 9h30 le bus est stoppé dans un pueblo jusqu'á 12h15. A 13H30, youppi, nous repartons.
13h40, stop. Nous sommes á la sortie du dit pueblo.
Nous en repartirons á 17h30.
C'est en montant le long long trés long col (il est á 5000m) que nous comprendrons réellement les raisons de ce blocage : un formidable chantier, sur des kilométres, pour transformer l'étroite piste en ce aui sera - á l'été 2013 ? - une route. Chapeau les ingénieurs et ouvriers qui oeuvrent dans ce gigantesque chantier accroché aux vides et pentes á renverser le coeur !
Un chantier qui va permettre á Ayacucho d'échapper un peu plus á un isolement qui lui a couté trés cher.
Arrivée dans la ville ce meme mercredi á 21h.
Nous aurons parcouru (parcouru ?) 170 km en 14h30.
Mais ces heures permettent la rencontre avec Thomas Züger, Suisse allemand et voyageur au long cours (deux ans et 8 mois en Amérique du sud et centrale), philosophe de quelaues soixante ans, amateur de Lazlo Siszek, Badiou et Walter Benjamin. Nous continuerons la rencontre á Ayacucho.


AYACUCHO, ville de violences masquée sous un beau sourire

altitude 2 750 m - 152 000 habitants

Résidence : hostel La Crillonesa, calle Nazarenno 165, tel 31-2350. 35 sol/nuit pour une chambre double certe petite MAIS : eau chaude en permanence, trés bons lits, déco sympa, ultra propre ET grande terrasse devant la chambre donnant sur les toits environnants, les églises toutes proches (bonjour les carillons invitant á la messe de 6h du matin !), la sierra environnante. Et avec ca on ne recommanderait pas vivement ?

AYA = ame ou mort, en langue quechua               CUCHU = arriére pays
tout est dit de son passé, lointain comme proche.

La province est pauvre, hormis quelques vallées bénéficiant d'un rio et donc d'un peu d'agriculture les hautes collines sont des étendues de terre argileuse, de pierres et de cactus. 
Isolée, elle fut l'un des centres les plus actif du Sentier Lumineux et de ses hordes barbares maoïstes qui sévirent sur le Pérou de 1980 á 2000 et un  peu plus longtemps ici á Ayacucho... Les habitants furent soumis á leur terreur mais aussi á celle de l'armée et de sections spéciales de la police, fervents utilisateurs de la torture et de la disparition pour raison d'Etat.
Cétait simple, le Sentier débarquait dans une famille et offrait un choix : ou le pére donnait deux fils pour devenir combattants du peuple, ou le Sentier en choisissait deux et les tuait. Donc, pour la police : les paysans étaient militants du Sentier. Conséquences : il faut faire parler les paysans par tous les moyens et leur faire encore plus peur que le Sentier. Résultat pour la ville : plus de huit mille morts sans compter les disparus.

"L'ombre du passé tragique s'est depuis longtemps dissipée", écrit le Lonely planet... Foutaise ! L'ombre et son corps sont toujours lá, bien présents, mais dissimulés sous le masque joyeux et accueillant d'habitants qui n'ont pas pour culture d'afficher la souffrance. C'est qu'ici on est fier, indépendant, et qu'on aime la danse et le chant. 

Difficile d'imaginer derriére la beauté de la ville, sous le sourire des habitants, ce qui aujourd'hui encore est violence faite aux femmes et enfants. Nous en parlerons plus précisément dans un article prochain : "Pérou, observations 2012 - article 6 : violences faites aux femmes et aux enfants".

Difficile aussi de pouvoir penser que des gens d'un meme peuple puissent se livrer sur leurs compatriotes á de telles horreurs. Mais ca, ce n'est pas propre ni á Ayacucho, ni au Pérou.

Plus lointain dans le passé, mais trés important pour l'histoire du Pérou et de toute l'Amérique du sud, c'est á quelques kilométres d'ici, au-dessus du village de QUINUA, que fut livrée l'ultime bataille pour l'indépendance du Pérou, oú 5800 patriotes sous le commandement du général Sucre défirent les 8 200 soldats espagnols et que fut ainsi mis fin á la domination coloniale. L'armée patriote était composée de péruviens mais aussi de colombiens, argentins et boliviens. 

Que voir á Ayacucho ? Faut s'y ballader et y gouter un charme trés... colonial. Il n'y a pas á dire, la culture espagnole est elle aussi empreinte de beaucoup de beauté, de sensualité et de suavité. Et puis, il y a encore si peu de touristes ! Nous ne devions pas etre plus de cinq ou six lors de notre séjour. Un soir, au centre culturel de l'université, trois heures de danses. De toute beauté ! Des groupes de toute la région, jeunes et moins jeunes, avec une force, une vitalité à couper le souffle. Beaucoup d'humour aussi, ces gens là savent se moquer d'eux mêmes, mettre leurs travers (et surtout le machisme) en scène et chorégraphie et en rire. La grande cour du centre culturel était pleine à craquer, nous étions trois gringos, c'est dire si la manifestation n'était pas à but touristique. Nous sommes une fois de plus surpris de la permanence de la tradition, renouvelée par la réelle inventivité de ces nombreux groupes et dont la majorité des participants est jeune. 

Nous ne sommes restés que trois jours, beaucoup trop peu pour cette ville et ses alentours. Mais la route est encore trés longue jusqu'au nord du Pérou que nous voudrions atteindre vers le 15 décembre. 

Tiens, au fait ! quand on dit "monter au nord" on pense "aller vers le froid", non ? Ici c'est exactement le contraire, plus on va au nord et plus il fait chaud.

Vamos , HUANUCO nous attend á 370 km plus au nord. Et lá aussi les kilométres se comptent en heures et heures de bus...



WARI ou HUARI

a 20 km d' Ayacucho et sur un vaste territoire désertique se tiennent les ruines de la cité Wari. Le Lonely en fait peu de cas, elles sont pourtant fort belles et intéressantes. Des Wari, hormis ces ruines, ont sait peu de choses. Leur age d'or fut de 600 á 1100 de notre ére. Ils avaient de nombreux liens et échanges avec les Tiwanaku (vous vous souvenez d'eux si vous avez lu attentivement notre carnet : le temple Tiwanaku, proche de La Paz).

Ils développérent le commerce et la culture de la coca, du mais, du coton. Ici, tout prés d'Ayacucho (qui n'existait alors que sous forme de pueblo), ils vivaient á quelques 50 000 habitants. Grands architectes, leur ville mettait l'accent sur le démonstration de leur puissance religieuse et politique, avec des espaces publics, places et temples qui servaient de lieux de rencontres et d'échanges, un réseau de routes dont se servirent par la suite les Incas. Et puis, vers l'an 1000, pfuitt... ils disparaissent, tout comme les Tiwanaku et bien d'autres... Pourquoi ? Ben, prenez vos pelles, vos pioches et vos dons d'observation et d'analyse et vous serez peut-etre les premiers á découvrir pourquoi.

Les ruines s'étendent sur des kilométres, il n'en reste pour la plupart que des tas de cailloux. Les plus visibles et significatives, dont des fouilles en activité, sont situées á proximité de l'entrée du site et de son petit musée (le gardien est un homme charmant et qui aime le lieu). Le temple puis le cimetiére sont véritablement "prenant", y méditer tranquillement n'est pas á déconseiller. Bref, deux grandes heures sur le site ne sont pas de trop.

A propos de conseil : arriver le plus tot possible le matin (le site ouvre á 9h), le soleil ici cogne fort.   



QUINUA

Village á 40 km d'Ayacucho, sur la meme route que Wari. Ses particularités :

- artisanat de sculpteurs céramistes. L'un d'eux, dont nous donnons ici quelques photos d'euvres, se distingue trés nettement du lot (les autres font tous á peu prés la meme chose...).

- une chouette petite église qui donne sur une belle place aux proportions harmonieuses.

- en haut du village, dans le lieu dit "la pampa", l'obélisque blanc (il a fiére allure) qui commémore la bataille d'Ayacucho. C'est un trés beau site d'oú la vue s'étend fort loin. Et puis, la fin de la colonisation espagnole c'est quand meme pas rien !

- la foret, les cascades, la montagne... de belles balades de quelques heures ou plusieurs jours. Attention : la dame qui est assise sous un arbre á l'entrée du chemin qui méne aux cascades et qui vous demande un sol pour droit de passage n'est pas une ladrona. La municipalité de Quinua pourrait au moins lui fournir un petit pupitre ou une guérite pour asseoir sa légitimité á percevoir un droit de passage. 
























 
photos de Wari et Quinua sous peu...



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