dimanche 10 février 2013

MEDELLIN coups de coeur - Moravia et danse afro-colombienne



COUPS DE COEUR 

le centre culturel du quartier de Moravia

la danse afro colombienne


Mais parlons d'abord du quartier. Il est situé au nord de la ville, en début de versant de la montagne à l'est de la ville, Il s'est peu á peu constitué de familles de déplacés en grande majorité afro mais aussi métis et indigènes. Venant des campagnes, fuyant les affrontements qui les chassaient, ils venaient s'installer sur ses terrains inoccupés en bordure de la ville. Ils ont pris comme activité principale celle de ramasseurs de chiffoniers et ramasseurs d'ordures. Tant et tant d'ordures que, peu à peu, une colline s'est formée, plusieurs vivaient dessus.

A la saison des pluies, l'écoulement des eaux sur ce terrain pentu entraînait les ordures vers le bas, dans le rio Medellin, lequel traverse ensuite la ville. Un écoulement de plus en plus chargé d'immondices dans une ville qui se veut modèle de développement ce n'est guère compatible... De plus, l'afflux de populations déracinées et réduites á la grande pauvreté entraînait la criminalité que connaissent toutes les périphéries des villes d'Amérique du sud, pour ne parler que de ce continent. Le maire de Medellin a donc pris la décision de réhabiliter et transformer le quartier et de le faire, ce qui n'est pas si fréquent, en réelle concertation avec les habitants. Ce projet et sa réalisation font maintenant modèles pour nombre d'architectes, urbanistes et politiques d'aménagement urbain et péri-urbain.

Lecteur, si tu souhaites approfondir cette réalisation nous te conseillons les sites suivants :
-celui du Laboratoire international pour l'habitat populaire
http://lihp.info/documentation/?c=presentation
-celui de Global Voices : http://fr.globalvoicesonline.org/2011/09/14/80903/
- celui de State fr : http://www.slate.fr/story/47003/urbanisme-criminalite-medellin
trois articles qui, avec trois approches différentes, éclairent bien la problématique.

Ainsi, outre une réhabilitation de l'ensemble du quartier - dont la colline d'ordures transformée en colline verte - de son habitat avec aménagements en eau potable, électricité, tout à l'egoût, celui aussi des voies de circulation et de l'ensemble des espaces et services publics (écoles, administrations, police de proximité, services de santé,...), il y eut conjointement la réalisation d'une voie piétonne qui longe le rio qui traverse le quartier (rio redevenu clair), voie qui donne accés á la sation de métro proche, la Caribe. Il y a aussi des aides pour que les chiffoniers s'organisent plus collectivement et se dotent de meilleures conditions de travail et de traitement des déchets, en lien avec les service de la ville. Mais tout ceci n'aurait pu se faire sans ce qui est aujourd'hui le coeur du quartier...


le Centre culturel

Il est né de l'Ecole de musique qui existait déjà. D'emblée sa mission a été d'être le lieu de reconnaissance et de développement de la diversité culturelle, celle présente sur le quartier. Il n'est pas fait pour proposer des activités mais pour permettre que des projets du quartier naissent et se développent avec le support de  quatre départements :
- la création artistique
- l'économie solidaire et les micro-crédits
- les nouvelles technologies
- l'éducation et la petite enfance

Dans un équipement où tous les espaces sont en ouvertures les uns avec les autres ainsi qu'avec l'extérieur on trouve : 
- directement ouvert sur la place et l'allée piétonière, l'espace central de débats et mises en représentations du quartier. A partir de lui, s'ouvrent les espaces du premier niveau :
- un grand auditorium de trois cent places pour la musique, la danse, le théâtre;
- formant un demi-cercle derriére l'auditorium, 24 petits studios permettant chacun a un ou deux musiciens de pouvoir travailler;
- l'administration de la structure;
- un patio avec une partie couverte permettant des travaux individuels ou de petits groupes (lecture, informatique,...);
- une vaste ludothèque pour enfants de quelques mois á trois ans.

De l'espace central part une rampe en pente douce qui permet d'accéder au second niveau d'où s'ouvrent salles de réunion et studios de musique et danse, tous disposés autour d'une coursive qui coure sur les quatre côtés de l'espace de débats.

Rampe qui se poursuit jusqu'au troisième niveau, celui d'une terrasse d'où l'on plonge à 360° sur le quartier tout alentour.

Pendant près de deux heures, une animatrice nous a fait visiter le lieu. Un groupe de danse afro-colombienne répétait dans l'auditorium. Nous leur demandons si nous pouvons assister á une représentation, celui qui semble être leur chorégraphe nous dit qu'ils se préparent pour une audition qui doit avoir lieu le lendemain, devant des directeurs de festivals de danse en France. Il nous y invite.


La danse afro-colombienne

Elle est véritablement celle de toute une jeunesse urbaine, qu'elle soit à Medellin, Cali ou  Bogota, quelles que soient ses origines ethniques et sociales. Ses bases sont celles des danses du continent africain mais, alors que ces dernières montent l'énergie dans un même mouvement qui peu á peu se transforme á l'intérieur de lui-même, l'afro-colombienne enchaine dans une même séquence des pas et formes issus de danses différentes ainsi que l'improvisation individuelle.  Virtuosité et trés forte énergie sont mobilisées, pouvant aller jusqu'à la performance.

A cette forme d'enchainements, le spectacle auquel nous assisterons le lendemain dans un théâtre du centre ville - le Pablo Tobón Uribe - allie aussi la danse urbaine, le hip hop. Les danseurs et danseuses, au nombre d'une quinzaine, sont en majorité des amateurs de haut niveau, la plupart du quartier de Moravia, et cinq ou six sont professionnels. La chorégraphie joue á la fois sur le groupe et les individualités, les combats et fortes tensions, une presque théâtralité comme celle du Tanzteater Wuppertal de Pina Bausch. L'ensemble du spectacle, sur une durée de quarante cinq minutes, est d'une grande beauté. L'ímage finale est celle d'un homme et d'une femme côte á côte, en position assise comme sont représentés les couples royaux du Bénin, et portés par l'ensemble du groupe.

Etaient présents dans le petit public les directeurs et directrices artistiques des festivals de Marseille, Miramas, Quartiers d'été Paris et Lyon. Le spectacle y sera vraisemblablement programmé.

le quartier et le centre culturel












 quelques moments du spectacle de danse afro-colombienne






 








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