El
Espectador (quotidien) – mardi 22 janvier 2013
ENTRETIEN AVEC LEONOR GONZALEZ MINA
« La Grande
Negra de Colombia » s’est consacrée toute sa vie à la musique. Elle a affronté le
rejet á cause de sa couleur de peau.
Luis Angel
Leonor González Mina est l’une des trés grandes artistes
colombiennes. Actrice, chanteuse et danseuse elle est connue dans toute l’Amérique du sud comme «la Colombie big black". Elle
est née le 16 Juin 1934 à Robles, dans la Valle de Cauca, prés du Pacifique,
région oú la population noire descendante d’esclaves est majoritaire. En
cinquante ans de carriére elle a produit plus d’une trentaine de disques.
(…)
Comment a commencé votre vie dans la musique ?
Il y a plus
de 50 ans et ce fut très difficile parce que la ségrégation dans ce pays a été
très forte. Pour
commencer j’ai du briser de nombreuses
barrières à Cali où la discrimination a été impressionnante, c’est pourquoi je
suis devenue guerriére et « rebelle de peau ».
Vous avez décidé de partir de la maison à l'âge
de 16 ans. Pourquoi ¿
Parce que
ma famille ne voulait pas que je sois chanteuse, mais depuis l'enfance j'ai
toujours su ce que je voulais. Mes parents et mes frères se sont
opposés et ont été les ennemis qu'il me fallait.
Que disent-ils maintenant ?
Que je n’ai
pas obéi (rires). Je le reconnais, mais je crois aussi que je
dois les remercier pour ce qu’ils ont fait, parce que si je n'avais pas eu
cette négativité á laquelle m’opposer peut-être que je ne serais pas ce que je
suis.
(…) La musique a contribué à diminuer la
discrimination raciale ?
Peut etre
oui, mais de facon plus cachée il y a toujours du racisme et il reste encore beaucoup à
faire. Quand je faisais mes études ceux que je rencontrais estimaient que je
n'existais pas et que je ne pouvais pas trouver un espace pour exister. Heureusement, les parents de nombreux
noirs de ce pays se sont battus pour changer cette situation et maintenant nous
pouvons exister et nous affirmer, on n'arrête plus n'importe qui pour sa seule
couleur de peau.
(…) Votre grand-père était un
esclave.
J’étais
trés petite quand il est mort et je ne me souviens pas de lui, mais ma mère a
toujours dit que mon grand-père avait beaucoup de force et de personnalité. Il travaillait dans la région
minière du Cauca, cherchant de l’or, et avec l’argent qu’il a gagné il a pu
payer pour obtenir sa liberté.
Vous avez été à la Chambre du Congrés de la
république en qualité de représentante
de Bogota pour le parti libéral. Comment s'est passé votre séjour
en politique ?
C'est la
pire expérience de ma vie, je ne sais pas pourquoi je me suis mise lá-dedans. J'ai réalisé que la politique était très
endommagée, trés corrompue, et j'ai compris
pourquoi le pays est dans cet état.
Doit-on être rebelle ?
Pour une
cause juste, oui, il faut se rebeller. Heureusement que j’étais rebelle ! Je n’ai pas dévié et cela m’a permis de rester
sur la bonne voie et de réussir à faire ce que je voulais.
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