mercredi 6 février 2013

Entretien avec la chanteuse Leonor Gonzalez Mina



El Espectador (quotidien) – mardi 22 janvier 2013   
ENTRETIEN  AVEC LEONOR GONZALEZ MINA

« La Grande Negra de Colombia » s’est consacrée toute sa vie à la musique. Elle a affronté le rejet á cause de sa couleur de peau.  
Luis Angel

Leonor González Mina est l’une des trés grandes artistes colombiennes.  Actrice, chanteuse et danseuse elle est  connue dans toute l’Amérique du sud  comme «la Colombie big black". Elle est née le 16 Juin 1934 à Robles, dans la Valle de Cauca, prés du Pacifique, région oú la population noire descendante d’esclaves est majoritaire. En cinquante ans de carriére elle a produit plus d’une trentaine de disques.

 (…)
Comment a commencé votre vie dans la musique ?

Il y a plus de 50 ans et ce fut très difficile parce que la ségrégation dans ce pays a été très forte. Pour commencer j’ai du  briser de nombreuses barrières à Cali où la discrimination a été impressionnante, c’est pourquoi je suis devenue guerriére et « rebelle de peau ».
Vous avez décidé de partir de la maison à l'âge de 16 ans. Pourquoi  ¿
Parce que ma famille ne voulait pas que je sois chanteuse, mais depuis l'enfance j'ai toujours su ce que je voulais.  Mes parents et mes frères se sont opposés et ont été les ennemis qu'il me fallait.

Que disent-ils maintenant ?

Que je n’ai pas obéi  (rires).  Je le reconnais, mais je crois aussi que je dois les remercier pour ce qu’ils ont fait, parce que si je n'avais pas eu cette négativité á laquelle m’opposer peut-être que je ne serais pas ce que je suis.

(…) La musique a contribué à diminuer la discrimination raciale ?

Peut etre oui, mais de facon plus cachée il y a toujours du racisme et il reste encore beaucoup à faire.  Quand je faisais mes études  ceux que je rencontrais estimaient que je n'existais pas et que je ne pouvais pas trouver un espace pour exister. Heureusement, les parents de nombreux noirs de ce pays se sont battus pour changer cette situation et maintenant nous pouvons exister et nous affirmer, on n'arrête plus n'importe qui pour sa seule couleur de peau.

 (…) Votre grand-père était un esclave.
  
J’étais trés petite quand il est mort et je ne me souviens pas de lui, mais ma mère a toujours dit que mon grand-père avait beaucoup de force et de  personnalité. Il travaillait dans la région minière du Cauca, cherchant de l’or, et avec l’argent qu’il a gagné il a pu payer pour obtenir sa liberté.   

Vous avez été à la Chambre du Congrés de la république en qualité  de représentante de Bogota pour le parti libéral.  Comment  s'est passé votre séjour en politique ?

C'est la pire expérience de ma vie, je ne sais pas pourquoi je me suis mise lá-dedans.  J'ai réalisé que la politique était très endommagée, trés corrompue,  et j'ai compris pourquoi le pays est dans cet état.

Doit-on être rebelle ?

Pour une cause juste, oui, il faut se rebeller. Heureusement que j’étais rebelle !  Je n’ai pas dévié et cela m’a permis de rester sur la bonne voie et de réussir à faire ce que je voulais.

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