ENTRETIEN AVEC MARIA EUGENIA RAMIREZ, dite MARIU
Le jeudi soir 24 janvier 2013, Au café El
Cafetin, lieu d’amitié, de bonnes tapas et patisseries, de vin et vieux rhum, lieu
hautement recommandable á Bogota.
Sont présents autour d’une même table : Mariu,
Rocio, Helka, Janeth, Juan (qui tient la fonction de traducteur espagnol et
francais), Liliane (en questions et dialogue avec Mariu), Claude (script).
Comment s’est produite cette
rencontre ?
Un soir précédent, en compagnie de toutes les personnes ci-dessus présentes
hormis Mariu, Juan donne á visionner les plans séquences non encore montés
qu’il a tourné lors de la cérémonie de mariage de Rocio et Helka. Mariage “hors
normes” : Rocio et Helka forment un couple lesbien, le mariage entre personnes
du même sexe n’est pas reconnu en Colombie, quand bien même il existe certains
droits de transmission de pensions et de biens pour un couple homosexuel
déclaré.
Ce que nous voulions, dit Helka, c’était un mariage reconnu par nos amies
et amis, nous ne nous reconnaissions pas dans les autres formes de cérémonie instituées.
Nous voulions que ce soit une fête politique et poétique. Nous connaissions
Mariu, son engagement dans le combat féministe et pour les Droits de l’Homme. Quand
nous lui avons parlé de notre projet de mariage elle a d’abord dit : “Un
mariage ¿ Je suis contre le mariage”, puis : “je m’occupe de la partie
politique”. La partie poétique, nous l’avons confiée à un ami metteur en scène.
Tous les deux se sont retrouvés, sans nous, un soir pour échanger et organiser
la fête. Très vite, ils se sont engueulés”. Mariu précise : “Il voulait être le
chef” (rires).
Dans l’un des plans séquence tourné par Juan il y a la prise de parole de
Mariu. Dite de façon très douce et posée,
cette intervention est impressionnante par la justesse de réflexion á
laquelle elle invite : “votre union prend acte dans la reconnaissance par
l’amitié, par l’amour; vous avez voulu qu’elle soit célébrée comme acte
politique et comme acte poétique, c’est aussi un acte subversif”.
Nous demandons á Rocio et Helka s’il serait possible rencontrer Mariu pour
un entretien dont l’objet serait la situation des Droits de la femme et ceux de
l’enfant en Colombie ainsi que la problématique des genres. Aussitôt dit,
aussitôt fait, Helka téléphone á Mariu qui accepte. Nous la rencontrons donc
quelques jours plus tard.
L’ENTRETIEN
Nous le reprenons
ici dans sa quasi totalité et dans son déroulé. Le script respecte le parlé et
le cheminement de pensée de Mariu dans une traduction en simultanée.
JUAN présente Liliane et Claude en précisant
qu’ils sont en voyage en Amérique du sud depuis plusieurs mois et pour un mois
encore en Colombie, qu’ils vivent á Toulouse où ils militent á la Ligue des
doits de l’Homme.
LILIANE – En traversant la Bolivie puis le Pérou,
nous avons á plusieurs reprises rencontré des représentants et militants
d’associations de défense des droits de l’Homme ainsi que des femmes dans des
lieux publics qui, tous, nous ont dit combien les problèmes de violence á
l’encontre des femmes mais aussi des enfants pouvaient être un problème
important dans leur pays. Vous êtes vous même une militante, que pouvez-vous
nous dire sur cette question de la situation faite aux femmes en Colombie ?
MARIU – Je suis féministe, activiste et
penseuse des Droits de l’Homme et, depuis très longtemps, militante politique.
Je fais partie d’un réseau de femmes latino-américaines pour la défense des
droits des femmes. Je fais aussi partie d’un réseau de défense des femmes
victimes des conflits armées et encore d’un autre, à un niveau plus large, des
droits sociaux, économiques et politiques.
La Colombie vit des situations de violence envers les femmes similaires
avec les autres pays et plus particulièrement ceux de notre continent. Ce qui
peut caractériser la Colombie c’est qu’il y a eu des conflits armés très
violents et que ces conflits ont pour conséquence des violences envers les
femmes, violences qui sont ici exacerbées.
LILIANE – Au Pérou, à Ayacucho, ville où les
conflits entre le Sentier lumineux et l’armée ont été les plus violents, des
militants d’une association nous disaient combien les séquelles de la violence
politique pouvaient être très lourdes dans les familles, tant pour les femmes
que pour les enfants.
MARIU – Ce sont toujours les femmes qui
subissent le plus de violence. Violence qui s’exerce dans la rue, dans les
rapports avec les hommes, dans les guerres. Violence qui passe par le corps des
femmes. Dans cette culture paternaliste qui est la nôtre, l’homme pense que la
femme est son territoire, sa possession. Il faut rendre visible ces violences.
LILIANE – En Afrique, les organisations
internationales ont mis en œuvre un protocole dont les femmes peuvent s’emparer
pour se porter victimes devant la Cour internationale des droits de l’Homme et
obtenir réparation.
MARIU – La Colombie est un pays de normes et de
lois, elle a signé tous les traités internationaux concernant les droits de
l’Homme, mais il y a une grande distance entre les lois et leur application.
Mon travail, au sein d’une ONG, consiste á recenser et documenter les cas de
violence afin de faire des rapports pour la Commission interaméricaine des droits
de l’Homme ainsi que pour l’ONU.
LILIANE – Comment as-tu connaissance des cas ?
MARIU – A travers des processus
d’accompagnement. Nous faisons des ateliers dans toutes les régions. Pour des
raisons de sécurité – présence de paramilitaires, de groupes de guérillas, de
l’armée – il arrive que ces réunions se tiennent dans une autre région que
celle concernée, afin de sauvegarder les femmes qui viennent témoigner et
exposer leur cas. Dans cet accompagnement il est essentiel de générer la
confiance : les femmes ont peur, se sentent coupables, ne croient pas ou plus á
la justice.
LILIANE – L’accusé, s’il est reconnu coupable,
connait-il une condamnation? Nous avons vu qu’en Bolivie, par exemple, le
groupe social dans les milieux ruraux fait en sorte de rétablir l’équilibre de
la communauté sans passer par une condamnation du coupable. Au Pérou où la
corruption de la police et de la justice est très forte, les dossiers traînent,
se perdent… La notion même de victime n’existe pas, ou très peu.
MARIU -
Il me faut d’abord parler du processus
de démilitarisation des paramilitaires. La stratégie entre les paramilitaires
et les politiques et les grands propriétaires terriens qui étaient leurs commanditaires a été
appuyée par les forces militaires, par l’armée du pays. L’un des objectifs de
cette classe politique et des grands propriétaires consistait á s’accaparer les
terres des paysans. C’est une stratégie de terreur et d’extermination.
Il y a des cas emblématiques qui ont été documentés, par exemple dans les
Caraïbes, plus précisément dans la région de el Salado. Les paramilitaires sont
restés plusieurs jours, ont tué les paysans puis violé les femmes. Il y a eu bien d’autres cas
comme celui-ci, sauf que celui-ci a pu arriver jusqu’á la Cour
latino-américaine et parvenir á jugement et condamnation des principaux
responsables.
On ne connait pas le nombre de morts en Colombie des suites des conflits
armés, ni le nombre de déplacés
(personnes qui ont du fuir leurs villages, leurs terres, et s’exiler). On estime le nombre de ces derniers à 6
millions de personnes Chaque année des rapports de cas sont faits par la Cour
du Conseil latino-américain et c’est très important qu’ils soient rendus
publics.
Les déplacés arrivent dans les
villes, individuellement ou collectivement. Ils s’additionnent au grand cordon
des pauvres déjà existant. Ce sont en majorité des femmes dont les maris sont
morts ou disparus. Elles arrivent avec leurs enfants, les grands parents, et se
retrouvent entièrement responsables de la famille survivante. Elles souffrent
alors une seconde fois, elles se rajoutent aux situations de pauvreté qui
existent déjà dans la ville, sont exclues ou marginalisées, ont les plus
grandes difficultés á trouver un emploi, un logement.
Ces situations de grande précarité ont obligé les femmes á s’organiser
entre elles. Grace à cela, elles ont réussi á ce que des politiques publiques
prennent en charge tel ou tel problème.
Ainsi, ce carnet dont elles peuvent
disposer, qui dit leur condition et leur ouvre une aide financière de l’Etat
pour les besoins les plus élémentaires et urgents. L’actuel maire de Bogota a
mis en place des politiques spécifiques. A travers des processus de formation
politique il y a des réussites : “j’ai des droits”. Mais elles se rendent
visible et, en retour, elles se mettent en situation de risqué : les femmes
leaders doivent constamment changer de domicile pour se protéger de violences,
tel le viol. Ce n’est pas facile de générer la confiance, nous avons même connu
des infiltrations de la guerilla.
LILIANE – Nous connaissons, à Bogota, ce
restaurant avec une extension super-market qui est géré en économie solidaire
par treize femmes, elles y travaillent et sont
en statut associatif.
MARIU – Je travaille aussi depuis 17 ans avec
une ONG, l’ILSA (Institut Latino-Américain pour une Société et des Droits Alternatifs),
qui conduit plusieurs programmes d’action dont celui d’accompagnement des
femmes. Je suis seule à travailler sur cette question dans l’organisation mais
je ne suis pas isolée, bien au contraire ! Je suis constamment en lien avec tout
un réseau, d’autres organisations dont celles féministes. Dans ce travail je n’agis
pas directement auprès des femmes, je suis dans une perspective d’action et de
transformation politique.
Je crois que maintenant il faudrait que je dise pourquoi je suis ici. Je
fais partie de la génération qui a connu la révolution cubaine, la lutte contre
l’impérialisme, l’indépendance de l’Algérie, le communisme et l’Union
soviétique, toutes ces choses qui aujourd’hui sont tombées. Nous croyions alors
en la lutte armée, beaucoup d’entre nous y ont participé. Mais je ne sais pas
pourquoi, j’ai toujours eu l’intuition que ca ne marcherait pas. J’étais
étudiante á cette époque et, avec mes camarades de l’université, je suis allée
travailler dans les quartiers populaires. Je suis aussi partie très jeune de
chez ma famille. Pour être vraiment cohérente je suis allée vivre dans ces
quartiers. Je ne regrette aucun de ses engagements, je ne renie aucune des
espérances ou illusions qui ont pu nous porter.
Aujourd’hui, je ne me sens pas seule. Il y a, en Amérique du sud, beaucoup
de gens, de femmes qui militent. Je mourrai en étant radicale. Radicale dans
mes positions parce que je serai toujours contre l’Etat et les institutions. La
meilleur prise de conscience est d’être dans et avec le peuple. J’ai vraiment
voulu changer le monde… et il a effectivement changé, pas comme nous le
voulions. Mais la vie des gens, des femmes, elle n’a pas fondamentalement
changé.
LILIANE – Nous avons un ami en France qui est écrivain,
Gérard Lépinois. Il nous a envoyé il y a peu par internet un texte qu’il vient
d’écrire. Ce texte porte le titre de “poélitique” et me semble en écho avec ce
que tu dis sur la place subversive du corps individuel et du corps collectif,
de sa respiration dans le champ du politique et de l’ouverture à un autre
monde.
MARIU – Après la tombée du mur de Berlin, alors
que les socialistes finissent par appuyer le pouvoir et l’idéologie libérale,
je suis toujours convaincue de la nécessité de la lutte. Non plus pour donner
des armes mais pour donner des outils afin que les luttes trouvent des moyens
et des perspectives á s’organiser collectivement. Je le fais dans le combat que
mènent les femmes pour que soient reconnus et leur dignité et leurs droits.
LILIANE – En France, l’un des combats á fortement
mener est celui avec et pour les sans-papiers.
Nous avions pensé, sans nous faire trop d’illusion, que le passage du pouvoir
Sarkozy á celui des socialistes allaient apporter un mieux, pour le moment ca
n’est pas vraiment le cas.
MARIU – J’ai entendu parler de la LDH (Ligue des
droits de l’Homme) par la FIDH (Fédération Internationale des droits de
l’Homme) avec qui je collabore.
En Colombie, nous avons eu sous le pouvoir précédent, celui d’Uribe, un
parti – l’Union Patriotique. Ce parti a connu un fort appui populaire, beaucoup
de gens du peuple y ont adhéré. Les militants de ce parti ont été
systématiquement exterminés par le pouvoir, plus de 3000 meurtres. Dans les négociations de paix qui sont
maintenant menées entre les Farc et l’Etat, ce risque d’élimination du contre
pouvoir reste présent.
J’ai connu des militants qui ont travaillé dans le département de Meta.
J’étais là-bas quand José Giraldo, qui était président du Comité, a été
assassiné. Nos réunions se faisaient dans la clandestinité, beaucoup de celles
et ceux qui étaient en relation avec cette organisation des droits de l’Homme
ont été assassinés par les paramilitaires. C’est l’une des histoires que j’ai
connue et vécue.
LILIANE – Et aujourd’hui ?
MARIU – Un petit moment encore, je vais y
arriver. Nous avons connu Uribe pendant 8 ans. La politique qu’il a mené a eu
des conséquences graves pour les gens et surtout pour les combattants des
droits de l’Homme. C’était une démocratie autoritaire, nous avons fait des
rapports sur cet “ensorcellement démocratique”. La population civile était
traitée comme des informateurs payés au service de l’Etat et de sa police. Les
militants des droits de l’Homme étaient considérés comme complices de la
guerilla. “Celui qui n’est pas avec moi est contre moi”, c’était la doctrine.
Il a renforcé les forces armées, les faisant passer de 200 000 hommes à 400
000, et leur a donné plus de pouvoirs.
Cette position de Uribe, loin de nous abattre, a renforcé la détermination
des mouvements populaires. Il était clair que nous devions lutter ensemble et
avoir un agenda commun d’initiatives et d’actions. Il y a eu des persécutions,
des assassinats dans les communautés, il a été crée des zones de “consolidation
militaire” qui impliquaient que les communautés paysannes collaborent. Ces
zones stratégiques étaient implantées dans tout le pays, elles instauraient un
contrôle trés stricte de tout mouvement de personnes, de toute circulation d’un
territoire á l’autre, y compris des biens et produits, afin que la guérilla ne
puisse être alimentée, ravitaillée. Ce qui était sous entendu : les communautés
paysannes, les militants, les syndicalistes sont des collaborateurs de la
guérilla.
Alors, aujourd’hui avec Juan Manuel Santos (le nouveau président) ?
Le plan de développement d’Uribe s’appelait “Prospérité démocratie”, celui
de Santos s’appelle “ “Prospérité pour tous”. Les héritages d’Uribe ? Santos a
maintenu la sécurité démocratique
avec des petits ajustements. L’un des aspects de cette continuité : les zones
de militarisation ont été maintenues. Un exemple : au nord, il existe un
territoire qui s’appelle les Monts de Maria avec des richesses minières et avec
aussi des paramilitaires. Le nouveau gouvernement maintient le dispositif mais
il y incorpore une politique de développement économique et social : “les
locomotives du développement”. La pauvreté diminue, les conditions sociales devraient
permettre que la paix s’établisse. Se décline aussi une autre “locomotive” pour
la principale richesse du territoire, la “ locomotive minière”. Cette zone de
richesse et son plan de développement Font Alliance avec les grands
propriétaires terriens et les multinationales qui, grâce á la paix retrouvée,
devraient venir s’installer.
Un autre héritage parfaitement assumé ? Le nouveau gouvernement assume une
politique ultralibérale qui se fonde sur le lien “naturel” avec l’économie
internationale et les autres pays. Depuis Uribe il y a des accords commerciaux avec l’Union Européenne et les USA. En plus de
renforcer le pouvoir de l’armée, le développement économique se centre sur
l’exploitation minière et son deuxième acolyte, l’agro-alimentaire, le “bio
combustible”. Une vision qui prenne en compte le développement durable, une
politique alimentaire,… ?
Ce nouveau gouvernement change le ton, finie la confrontation autoritaire,
on dialogue avec les voisins, le Venezuela (la bête noire du temps d’Uribe),
l’Equateur (alors que son président est socialiste), les Farc, la priorité est
: gagner la confiance des investisseurs étrangers. La paix et le dialogue sont
donc des nécessités.
Premier acte politique en conséquence : la loi de victimisation et la
restitution des terres aux déplacés.
Uribe a toujours nié qu’il puisse y avoir conflit : pas de négociation possible,
il faut en finir avec les terroristes, les liquider. Santos, lui, reconnait le
conflit armé et les victimes et c’est le Ministre de l’Agriculture, un
ministère très important dans le nouveau gouvernement, qui est chargé de ce
nouveau projet politique. Les victimes ? Il faut faire réparation et les
dédommager. Comment ? Les “illégaux” (les paramilitaires) doivent rendre les
terres. Seuls ceux-ci sont déclarés
responsables, en aucun cas l’Etat.
6 millions d’hectares ont été dérobés aux paysans, on peut en rendre
environs 2 millions, c’est le montant estimé, mais que faire des autres, ceux
maintenant aux mains des grands propriétaires ? Ces paysans á qui on va rendre
leurs biens, ce sont aujourd’hui pour l’immense majorité des déplacés et, pour un grand nombre, des
femmes qui ont perdu leurs maris. Ils n’ont absolument plus les moyens de
produire: Quelle banque va leur prêter l’argent nécessaire pour se rééquiper,
acheter les semences, du bétail ? Une seule issue : vendre ses terres aux
grands propriétaires.
Enfin, l’une des conditions pour que soit réalisé le projet économique est
donc la consolidation de la sécurité des territoires. Ici, je vais faire une hypothèse
:
-
Le
gouvernement veut faire un développement agraire;
-
Les
Farc disent qu’il y a besoin d’une réforme agraire pour que les paysans puissent
récupérer convenablement leurs terres et s’assurer la sécurité alimentaire.
A Bogota, en décembre 2012, a eu lieu une rencontre restée très discrète
entre le gouvernement et les Farc, un accord a été passé pour que soient
recueillies les propositions de la population. Premier thème engagé :
l’agriculture. Le nombre de propositions déjà faites et leurs contenus supposent
une véritable révolution en matière de réforme.
Si ce processus de dialogue et concertation engagé devait aboutir à un échec, la situation deviendrait alors
beaucoup plus grave, des révoltes éclateraient entrainant le cycle de
répression, violences, persécutions. Les Farc ne peuvent négocier à la baisse
les principes qu’ils ont défendus depuis la création du mouvement.
LILIANE – Mais les Farc n’ont-ils pas perdu leurs
convictions et combat politiques pour n’être plus que des trafiquants de drogue
?
MARIU – Ca, ce sont les versions officielles et
celles des médias depuis des années pour discréditer le mouvement. Qu’il y ait
des petits groupes locaux qui, dès leur création ou par la suite, aient tourné
au trafic de la drogue, oui, mais ce n’est pas le cas de la très grande
majorité, y compris et surtout les cadres et les négociateurs pour le processus
de paix. Et puis, dans toutes ces affaires, personne n’a pu rester blanc et
pur, il a bien fallu aussi trouver les moyens d’acheter des armes, de continuer
la lutte.
Pour finir, je dois parler de ce que je fais, ce que je crois, ce que je
vis maintenant. Helka, qui est là avec nous et avec sa compagne Rocio,
travaille dans une organisation internationale de défense des enfants. L’un des
buts principaux de cette organisation est l’éradication du travail des enfants
en le remettant en rapport avec l’école, là où ils doivent être. Nous avons
réussi á les remettre en rapport avec les écoles, les centres éducatifs et,
avec eux, leurs familles. C’est une belle réussite.
LILIANE – En Bolivie, dans le village de Toro
Toro, nous avons rencontré une classe de primaire. L’institutrice et les
enfants nous ont expliqué que les cours se passaient en demi-journées afin de
permettre que les enfants puissent aider les parents dans le travail paysan.
MARIU – C’est la même chose en Colombie. Avec
une autre compañera j’ai fait une vidéo sur cette alternance école/champ. Nous
commencions les tournages avec le lever des enfants, à 3 heures du matin.
Maintenant, je peux dire : “la vie m’a tellement donné !”. Par exemple,
elle m’a donné de pouvoir rencontrer Helka et Rocio. J’ai connu la discipline
des partis et des mouvements, maintenant je connais celle de l’amitié.
Fin de l’entretien
Il était temps de vous lire!!!
RépondreSupprimerMerci de ces retours, de ces infos et interviews.