lundi 17 septembre 2012

HUMBERSTONE y SANTA LAURA

HUMBERSTONE, SANTA LAURA

villes et mines fantômes de l'Altiplano

Jeudi 13 septembre. A 80 km d'Iquique, dans l'Altiplano (désert d'Atacama), se découvrent, totalement isolées dans ces espaces sans fin, les mines de saltritera, le nitrate nécessaire à l'agriculture avant que viennent les engrais pétroliers. Ces mines sont fermées depuis les années soixante, la plus grande d'entre elles est Humberstone, mise en valeur sous la forme d'un écomusée.

L'entrée dans le lieu s'accompagne d'une forte émotion, d'un sentiment de ruine : nous sommes ici dans les traces encore toutes visibles de ce qui fut une part importante de l'histoire sociale et industrielle du Chili, milieu du XIXe siècle à celui du XXe, mais aussi de toute celle des sociétés modernes.

1858, ouverture de la première mine, la Officina Santa Laura, par un Chilien.
1872, rachat par la Wendell Cie (anglaise).
1875, conquête de la région par le Pérou, guerre du Pacifique finalement gagnée par le Chili (voir Arturo Prat, figure légendaire).
1888, The London Nitrate Cie (toujours anglaise).
1929, récession, La Crise, l'Etat chilien nationalise en partie.
1959, la mise devient définitivement propriété de l'Etat.
1961, fermeture de la mine. Actuellement, l'Altiplano est exploité pour le cuivre, mines nationalisées, ressource principale du pays.
1973, Pinochet en arrivant au pouvoir verse de lourdes indemnités aux entreprises anglaises "spoliées".
Aujourd'hui, des partis de droite font lobbying pour la privatisation des mines.

La première installation du XIXe sècle est un concentré de société ouvrière avec maisons en courrées pour les familles des mineurs, école, église, magasin général. Un peu plus de cinq cent personnes y ont vécu.
En 1907 éclate dans tout le nord du Chili une grande révolte ouvrière. Elle est très fortement réprimée et donne lieu à un massacre de plusieurs centaines d'ouvriers par l'armée et la police, surtout dans la escuela Santa Maria de Iquique. Les ouvriers, dont toute la vie appartenait à la mine, touchaient un maigre salaire dépensé pour l'achat au magasin, appartenant à la société de la mine, des produits alimentaires, chauffage, éclairage, eau,... Idem en Europe... Après cette période les syndicats se renforcent et, en 1934, ils obtiennent des magasins indépendants. 
La mine se développe. Création d'un hôpital gratuit, d'une école publique, d'un hôtel (attention : pour les hommes d'affaires et ingénieurs en visites), d'un théâtre. Recrutement d'ouvriers sans femmes ni enfants, logés dans des courrées avec gardien à l'entrée.
Sous un soleil torride, il reste des ruines industrielles dont les énormes machines outils portent le nom de villes anglaises - Glasgow, Liverpool,... - de la grande époque de l'industrie lourde et des machines à vapeur. Impressionnants restes rouillés, excavations, tracés des voies de chemin de fer, toits des batiments en partie éventrés, grande cheminée, fours,... L'approvisionnement de cette ville perdue en plein désert se faisait depuis le port d'Iquique par chemin de fer mais aussi depuis l'Argentine.

Nous signalons l'intéressant article de Diane Scott, paru dans la revue Vacarme (N 60), sur les ruines modernes et notre rapport à l'Histoire.

















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