lundi 17 décembre 2012

TRUJILLO - HUANCHACO

Samedi 8 décembre, 7h du mat', partis de Huaraz la veille (21h45) nous voici à
TRUJILLO

Nous y sommes surtout pour deux sites archéologique d'importance : Chan Chan d'une part, le temple de la Lune d'autre part, tous deux à proximité de la ville. Nous consacrerons, dans la suite de celui-ci, un article sur ces lieux, leur histoire, les civilisations qui les construisirent, ce qu'on y voit.

Et puis aussi parce que le Pacifique est tout prêt et que l'odeur de l'océan et les bruits du roulement de ses vagues... pffff, ça attire bigrement. D'autant que nous n'avons pas revu le grand bleu-gris-vert-tumultueux depuis Iquique; souviens-toi, lecteur, c'était au nord du Chili en mi septembre et nous commencions à peine notre virée latino.

Bien. Trujillo c'est une grande ville qui s'étale dans la fertile vallée du Moche, laquelle vallée est environnée par le désert. Pizarro l'a fondé en 1534, elle fut aussi la première ville péruvienne à déclarer son indépendance en 1820. César Vallejo, l'immense poète préruvien, y a vécu (nous y reviendrons) et avec lui beaucoup d'intellectuels et révolutionnaires ou rebelles et boèmes. Elle a été le lieu fondateur de l'APRA, Alliance Populaire Révolutionnaire, dont nombre de dirigeants furent assassinés sous Fujimori. Aujourd'hui elle est en plein essort, plutôt prospère et compte environs 290 000 habitants.

Son centre est beau avec une architecture 100 % coloniale (XVIIe et XVIIIe) : grandes portes monumentales, grandes fenêtres aux grilles ouvragées, balcons-jalousies de bois, façades des maisons et palais blanches mais parfois aussi recouvertes d'un enduit de couleur rouge, bleue, jaune,... Il est agréable de s'y promener sans autre souci que celui de prendre le soleil et écouter les rumeurs, y boire un bon café, bref ne rien faire.

Parmis tous les lieux et bâtiments à voir (nous ne sommes pas du style à courir pour en voir le maxi), trois adresses hautement recommandables :

- la CASONA DEZA ou Casa del los Leones, dans le centre, calle Jiron Independencia 630
casonadeza@gmail.com
C'est l'ancienne maison - palais - d'un collecteur d'impôt du XVIIIe S (cette profession roulait sur l'or). Dès la rue, elle se distingue des autres par sa grande porte et son mur de façade couverts de fresques (oiseaux, fleurs): L'intérieur est une vraie splendeur.
C'est aujourd'hui un café salon de thé mais aussi une galerie d'art contemporain et un centre ouvert aux arts. Entièrment indépendant, le lieu est tenu par son propriétaire et homme d'un goût et d'une culture ouverts et exigeants. Le salon et le patio sont extraordinaires : oeuvres de peintres contemporains, grands fauteuils et banquettes ou se blottir pendant des heures, hauts plafonds de bois sombre, lumière qui joue de celle naturelle entrant par portes et fenètres et d'un grand lustre. Si vous le demandez à votre hôte, il vous ouvrira les portes de trois autres grandes pièces qui contiennent d'autres toiles peintes de grand format, vous accompagnera avec délicatesse dans leur découverte.  Nous y avons particulièrement aimé les oeuvres de Joselito Sabogal. Aimé aussi le thé, servi comme il se doit dans une grande théière. Bref, un lieu exquis et rare fait pour contempler, rèver, écrire et deviser doucement. Il semble qu'il y ait parfois des concerts et lectures ou interventions poétiques. Dans ce Pérou si fermé aux arts sauf ceux anciens ce lieu est une cure de jouvence.

- la Casa de la Emancipation, calle Pizarro 620. Aujourd'hui propriété de la Banco Continental, elle fut le lieu de la proclamation de l'indépendance de Trujillo en 1820. Comme tout lieu de culture ou centre archéologique au Pérou (sauf quelques musées à Lima), elle est entièrement mécénée par le privé, l'Etat se contre-foutant totalement de tout ce qui touche à l'art comme à la culture. Si nous attirons ton attention sur ce lieu, cher lecteur, c'est pour son salon d'exposition consacré à Cesare Vallejo. Voici un bel hommage à ce très grand poète : exemplaires de livres et recueils édités, portraits réalisés par des artistes comme Picasso, manuscrits et lettres, voix diffusée de Vallejo disant l'un de ses poèmes. Cette petite expo a un caractère intime, elle est enrichissante.

- la Casa du Peuple, toujours dans la cal Pizarro, tenue depuis belle lurette par l'APRA, c'est le lieu de la contestation politique un peu comme "à l'autrefois"... Ce qui nous y a fait franchir la double très grande porte toujours ouverte : son resto populaire. Des menus à 3, 5 ou 8 soles, des petit dej' à 1,50 sole... Qui dit mieux ?! En plus, c'est copieux et bon. Ouvert seulement de 8h à 17h. 

Le dimanche 9 au matin nous quittons Trujillo (nous y reviendrons le 11 pour prendre le bus direction Chachapoyas) pour 

HUANCHACO
à 30 km de Trujillo mais surtout surtout au bord de l'océan, à proximité des sites archéos que nous voulons visiter et avec un hôtel de rêve pour un prix très à notre bourse. Bref, alliance de l'enrichissement de l'esprit (oups !) avec la félicité de l'âme et du corps (re oups !).  

Ah, l'excellent hotel camping Naylamp, à l'extrémité de la petite ville et au bord des vagues ! Notre chambre donnant sur une grande terrasse avec vue sur l'océan ! 60 soles/nuit !

Sur l'immense plage, dressées pour sécher, les minuscules barques de roseau que les pêcheurs enfourchent pour aller pécher le matin très tôt á quelques encablures du rivage et ce depuis 2000 ans : les caballitos de totora ou petits chevaux de roseau.

Nous sommes dimanche, les familles de Trujillo sont venues à leur plage, qui en collectivo, qui en moto-125-à-trois-dessus-papa-qui-conduit-maman-qui-tient-bébé-hilare entre eux, les restaurants sont pleins, la jetée ressemble à un essaim vibrillonnant, marchands de glace, de bouées canards ou pélicans, de chicharrons frits,... Devant le Big Ben, Le resto luxe de la plage. les grosses 4x4 à vitres fumées attendent monsieur et madame éventuellement fils et brue. Un petit côté Argelès plage en moins équipée, organisée...



Lundi, en fin d'après-midi, l'heure joyeuse du Pacifique...
Il reste cinq surfeurs chevauchant la vague. L'un glisse, se retourne, rebondit dans l'écume.
C'est l'heure où le soleil descend sur l'horizon, où les vitres des fenêtres renvoient à l'océan les éclats qu'elles captent, où se distribue l'or mouvant du soleil sur le sable humide et l'eau écumeuse, or qui disparait recouvert par la vague finissante pour ressurgir plus vif quand celle-ci se retire, or des Incas qu'aucune banque ne mettra jamais dans ses coffres.
Il reste quatre surfeurs dans les vagues.
C'est l'or des peintres, des réveurs, des poètes. Le flanc des vagues s'assombrit, blancheur de l'écume qui vole sur leurs crêtes.
Il reste trois surfeurs dans l'eau mouvante.
Le soleil maintenant cercle parfait descend vers la brume de l'horizon. L'or mouvant s'étale, se fractionne, apparait et s'efface, devient or rouge.
Il reste deux surfeurs brassant les vagues.
La brume aspire le disque solaire, ne susbsiste qu'une demie sphère qui repose au-dessus de l'horizon, encore un arc, une tache de lumière, puis plus rien qu'un hâlo orangé.












1 commentaire:

  1. Non, non je ne sature pas de vous lire... et de zyeuter tous ces paysages et autre merveilles étranges... Continuez.
    Bises
    d'ici.
    Michel Simonot

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