mercredi 12 décembre 2012

CHAVIN DE HUANTAR le site archéo 1500 à 550 avant JC

Cher lecteur,
t'en souviens-tu, nous finissions la ballade de trois jours qui, du petit village d'Olleros (sur le versant ouest de la cordillera blanca), nous conduisait á terme à la petite ville de Chavin de Huantar (versant est). Oui ? Bien, alors nous pouvons te faire entrer dans le site de cette ancienne ville temple qui abrita une civilisation, l'une des plus riche et racine des cultures andines, de 1500 à 550 avant JC.

Le site fut découvert au début du XXe S. par le père de l'archéologie péruvienne : Julio Tello. Il fait aujourd´hui toujours l'objet de fouilles importantes.

Esteban, guide professionnel, va nous accompagner pendant trois heures. Nous ne sommes que deux avec lui, une petite dizaine de visiteurs partagent avec nous ce vaste site. Passionné et passionnant, fortement documenté, il est aussi un conteur né. Il nous livre une approche très complète de cette société antique, de sa pensée, ses croyances et cultes.

La cité temple n'a jamais été conquise de toute son histoire, elle ne recèle aucune trace guerrière ni de sacrifice humain. Elle a disparu vers -550 sans qu'on en connaisse les causes. Huit cent à mille personnes y résidaient en permanence, sans compter les villages dans les deux vallées à la conjonction desquelles elle est construite, ainsi que des deux forts rios (nous avons suivi l'un d'eux pendant toute la descente de la rando) qui y convergent et s'y réunissent. De hauts sommets l'entourent.

La construction du centre cérémoniel est composée de structures de formes rectangulaires dont la plus imposante est une pyramide tronquée de douze mètres de hauteur. Cette pyramide est aussi un habitat et ce cas est unique. Sur cinq niveaux d'ètages, elle renferme une intrication complexe de galeries parfaitement rectilignes, avec des points d'entrée de la lumière, sortes de meurtrières s'élargissant vers l'intérieur de murs de plus d'1m20 d'épaisseur, amis aussi tout un systtème voué à la circulation de l'air ainsi que de l'eau.

Les galeries de ce grand labyrinthe sont admirables et provoquent un fort impact sensoriel. Elles conduisent de corridors en pièces d'habitation ou de cérémonies. Au centre, la galerie la plus importante mène à une salle en forme de croix au centre de laquelle, comme fiché, se trouve un monolithe de granit rose de 4.72 m de haut, c'est le El Lanzon, représentation du dieu protecteur principal. A sa vue on ne peut qu'être saisi par une très forte émotion tant la force de représentation est saisissante. En forme de grand couteau, toute sa surface est sculptée et représente le panthéon religieux et spirituel de Chavin.

Chavin est fondamental pour l'imaginaire collectif de tous les Péruviens. Le projet de cette société disparue était de rassembler en ce centre les savoirs et pouvoirs des sociétés non seulement andines mais aussi de la forêt amazonienne, de la côte Pacifique, des basses et hautes vallées, de la cordillère. C'est ainsi que des fètes rasssemblaient des populations venues parfois de loin, que des cérémonies et cultes permettaient d'inviter et d'impressionner des religieux et politiques.  Chavin s'est construite et développée grace aux apports d'ingénieurs agricoles, d'architectes, d'artisans venus d'ailleurs. Il n'était donc pas question de faire la guerre mais de rassembler.

Pas de dieu créateur mais des forces protectrices : celles de la lumière, de la fertilité et de la fécondité, et celles de l'ombre, forces destructrices (séismes, pluies torrentielles, orages), avec lesquelles ils fallaient faire des alliances. Le pouvoir chamanique est ici central, le recours aux hallucinogènes (cactus San Pedro) sacralisé. Les forces obscures étaient servies par des chamans sélectionnés dès leur naissance (enfants présentant des difformités physiques), ils vivaient dans le labyrinthe de la pyramide. Ils se faisaient "entendre" par un instrument impressionnant : une sorte d'immense flute à eau souterraine. Le déclanchement de la circulation de l'eau produisait le feulement d'un énorme jaguar.

Nous n'écrivons ici qu'une partie des notes prises lors de la visite, histoire cher lecteur de te donner faim.

Le musée, situé à l'autre extémité de la ville, contient une belle collection de céramiques. Mais, mais aucun livre ni catalogue proposé au visiteur assoifféd'en savoir plus, d'emporter avec lui quelques reproductions iconographiques de toutes ces merveilles. Cette absence totale de mise à disposition de documents un tant soit peu consistants nous la constaterons dans d'autres lieux, d'autres sites, tel Chan Chan.









deux colonnes parfaitement cylindriques, cas unique dans toute l'architecture pré-colombienne 

dans le sol, des trous de la "flute" à eau

une partie de El Lanzon, prise avec le flash la photo est à mille lieux de la sculpture...


l'une des figures de chaman halluciné après une bonne giclée d'hallucinogène (mescaline)

idem, mais dans le musée

reproduction d'une partie des motifs sculptés sur El Lanzon, avec dent du crocodile

 

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