samedi 22 décembre 2012

SITES FUNERAIRES : région Chachapoyas et ville de Cajamarca

Ami lecteur, voici tout un article consacré á quelques cites funéraires de la région de Chachapoyas (avec le musée de Leimebamba) ainsi qu'á celui des Ventanillas de Cajamarca (qui jouxte au sud ouest la région Chachas) et enfin

Nous disons bien "quelques", en fait si peux au regard des centaines de sites découverts ou encore á découvrir. C'est qu'entre le 9e et le 14e S se joua dans ces régions, au travers des cultes des morts, une phase trés importante des cultures Chachas, Aymaras puis ensuite avec les Incas et par consèquent Quechuas.

Ce vendredi 14 décembre au matin, nous partons de Chachas pour la visite de deux sites : le Pueblo de los muertos et les Sarcophages de Karajia. Nous y allons en compagnie d'un guide, Gustavo, de l'agence Ravash (voir article précédent "Chachapoyas, Kuelap") et de 8 autres jeunes voyageurs (6 allemands et 2 américains), plus le chauffeur du combi.

 

le Pueblo de los muertos

Un peu plus d'une trentaine de kilomètres de pistes (via les gros villages de Luya et Lamud) et nous voici au bord de la très grande falaise qui domine de plus de 1000 m le rio Utcumubamba là-bas, tout en bas. Au loin, sur l'autre versant, la grande cataracte de Gocta. Autour, un paysage austère, végétation basse, pas d'habitation. Nous empruntons un sentier indiqué d'une fléèche rouge peinte sur un rocher. Descente raide pendant près de vingt bonne minutes et les voici : dans une partie de la falaise orientée á l'est, totalement rocheuse et parfaitement verticale, posées sur une vire inaccessible et protégées par un toit naturel de roche, une dizaine de sarcophages en adobe. Ils veillent sur le site, la vallée, les montagnes qui font face. Ils ne dépassent guère les 1m20, sont de forme oblongue, de couleur terre brun clair, les yeux, les nez et les bouches modelés. Quelques uns sont en partie détruits par une chute de pierre, un éboulement. 
Passant par une "porte" nous nous engageons dans la falaise sur un sentier en surplomb et traversons une succession de petites piéces, comme autant de cellules monastiques, semi-circulaires, couvertes elles aussi par un toit naturel de roche. Le vide sous nos pieds, au-dessus de nos têtes, tout autour de nous est saisissant. Serions-nous oiseaux perchés ?

Dans chaque cellule une famille était installée, chaque membre dans son sarcophage. Dans l'une d'elle furent retrouvés huit sarcophages se faisant face par couples de deux sauf l'un tourné vers la porte de la cellule, vers l'est. Ici, les morts vivaient une seconde vie. Disposés avec eux, des objets familiers : mortiers á grain, poteries, tissus,... Sur des pierres plates, dans le renfoncement d'une cavité des ossements disposés avec soin, sans doute par les archèologues, ossements de sarcophages brisés. Nul n'y touche depuis bien longtemps.

En revenant sur nos pas Gustavo nous fait passer par une sente escarpée qui nous méne á une autre cellule, plus solitaire. Ici, une seule famille. Les sarcophages sont á portée de nos mains, nous restons à courte distance, silencieux.

Le site fut aménagé, construit, utilisé des années 1000 á 1300. Une époque d'épanouissement et de rayonnement de la société Chachas ; architectures diverses (Kuelap par exemple), céramiques et poteries de toute beauté, tissages et objets divers en témoignent. Les Incas, leurs vainqueurs, se gardérent bien de détruire. Au contraire, ils intégrérent. Jusqu'á ce que d'autres, moins civilisès...

Vie et mort sont ici étroitement associées, reconnues, représentées. Nous sommes en présence d'une société certe guerriére et inégalitaire elle aussi mais qui reposait sur une conception du temps et des rapports á la terre, á l'univers, aux éléments vivants qui permirent des états de connaissance et des pratiques qui, malgré leur presque disparition, peuvent nous interroger sur notre propre histoire et nos propres développements. Et puis reste la question du mystére, question en ètroite relation avec celle de la mort, de ce que celui-ci interroge et nous dérobe, nous laisse au vide et á l'absence, comme la falaise,comme les cellules. 


Les sarcophages de Karajia

Nous y allames dans l'aprés-midi. Ils sont accessibles depuis le village de Cruzpata, eux aussi situés dans la partie haute d'une falaise oú nichent multiples couples de perroquets verts et jaunes qui ne cessent de briser l'air de leurs cris.

Posés le long d'une corniche ils sont aujourd'hui six sur les huit d'origine. Ils sont uniques au monde : grandes formes anthropomorphiques de 2m á 2m50 de hauteurs, constituées d'un mélange de sable, pisé, éléments végétaux liants, peints en blanc avec des motifs ocre rouge. L'un de ces éléments est un condor. Eux aussi font face á l'est. Leur mission était de protéger les habitants de la vallée. Dans chacun d'eux, une momie. D'autres sites abritent ou abritaient d'autres veilleurs, destructions et pillages en ont fait disparaitre la plupart. C'est qu'ici, contrairement au pueblo précédent, ce ne sont pas les gens du commun qui reposent mais des nobles, des chamans, des guerriers importants. On le voit, ce lieu ci fut et continue d'etre beaucoup plus visité meme si, en ce jour de décembre, seul notre petit groupe y est présent.

En revenant au village proche nous croisons des paysans qui labourent leurs champs avec soc et couple de taureaux en attelage. Les garcons travaillent la terre dès l'age de 11 ou 12 ans. Sur la place, vaste espace herbeux occupé par des chevaux, nous sommes accueillis par une bande de gamins rigolards: "donde vienes! donde vienes !".  Nous jouons aux présentations : "como te llamas ?" - Jael, Arturo, Lars, Miguel, Claude, Firmin, Sebastian, Bernardo, Christine, Liliane, Augusto, Jason,... Les yeux brillent, le plus petit, le plus jeune aussi, est porté haut,comme pour un triomphe. 


dimanche 16 décembre, Wuangli

Comme des grands nous tentons de trouver seuls des sites proches d'une cascade. On nous a vaguement fourni des indications, "Pour trouver le site de Wuangli se faire déposer par le collectivo et prendre le sentier á partir du panneau Timkas avant Luya, suivre tout droit á flanc de pente pendant une heure jusqu'á la cascade, traverser le torrent, reprendre le sentier en face  pendant une heure trente jusqu'á Luya".

Aubout de 3/4 d'heure nous sommes face á une falaise. Dans une corniche trés exposée nous pouvons voirdes constructiuons qui témoignent d'une ou plusieurs sépultures, du meme type que celles du Pueblo. Nous poursuivons jusqu'á la cascade... plus de sentier mais un bel éboulement. Nous cherchons á le contourner pour tenter de rejoindre le sentier que nous apercevons tout lá-haut en face... peine perdue, la végétation trés denseen ce fond de gorge, la pente presque verticale nous repoussent. Nous faisons le chemin en sens inverse.

En questionnant les gens du village ils nous confirment que "oui, ca ne passe plus, c'est effondré,  pour voir le grand site il faut partir de Luya". Bon, ca sera pour dans une autre vie... 


mardi 18 décembre, Leimebamba

Nous avons quitté le matin très tot Chachapoyas. Destination : Cajamarca. Mais nous ferons halte pour la nuit á Leimebamba afin de visiter dans l'aprés-midi son très réputé musée. Nous dormons dans le village (excellent petit hotel :l'Albergue de la laguna de los condors, tout prés de la plazza, 50 soles chambre double et eau chaude). Leimebamba c'est un gros village très perdu. Le musée est á 3 km au sud de la ville, on peut le rejoindre en prenant une moto taxi.

Beau musée financé par la Société archéologique autrichienne. Tous les objets et momies exposés viennent de la Laguna de los condors (baptisée ainsi pour les touristes). Plongeant dans le lac, une trés grande falaise truffée de sites funéraires. C'est á trois heures de marche du village et parait-il trés beau. Notre sèjour à Leimebamba est trop court pour cette visite.

En 1996, le site de la laguna est explorè par des archéos. Des pilleurs sont dèjà passès par là, et ce depuis fort longtemps, mais plus de 2000 objets et momies sont récupérés. Dans l'une des salles du musée reposent une trentaine de momies dans leurs sacs cousus ou, pour trois ou quatre d'entre elles, dans leur nuditè (les squelettes aussi ont une nuditè, un corps intime). Cette salle est accessible à la vue du visiteur grace à une grande baie vitrèe.


samedi 22 dècembre, Ventillas de Otuzco

A 8 km au nord-est de Cajamarca, le village de Otuzco se tient dans une vallèe fertile. Juste à l'entrèe du village et taillèes dans une falaise de peu de hauteur (roche volcanique), d'inombrables petites niches qui abritaient des momies (disparues depuis longtemps). Elles datent de la pèriode 900 à 1200. Le matin où nous avons fait la visite, une chanteuse traditionnelle se faisait filmer par son fils de guitariste et sa belle fille, les deux gamins de ceux-ci jouaient à chat perchè dans les roches accessibles aux visiteurs (pas celles des roches, rassurez-vous). Une vidèo sans doute tèmoin du talent de cette dame et dans un site très connu des Pèruviens, lesquels sont très friands de photos en compagnie de gringos... La surprise fut quand la chanteuse, qui dansait aussi, demanda à Claude de l'accompagner dans une danse. Liliane avoua ensuite avoir été jalouse... de ne pas avoir été invitée à partager la danse.

Pueblo de los muertos











momies au petit musèe de Chachapoyas




peintures-gravures sur l'un des murs des cellules

  sarcophages de Karajia




site de Wuangli


musèe de Leimebamba, archèo manipulant une momie


interdiction de prendre des photos au musèe de Leimebamba, donc :
dessins reproduisant des momies



et d'autres de peintures rupestres





ventanas








   


 
  

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